Je n’ai pas du tout pour prétention de rédiger un article de philosophie, mais simplement d’exprimer mon étonnement non dénué d’agacement devant le glissement de sens auquel nous assistons ces dernières années quant à la notion de “vertu” et de “comportements vertueux”.
Commençons par quelques définitions que j’emprunte au Larousse :
- 1. Disposition spirituelle à agir avec persévérance en accord avec la loi divine.
- 2. Disposition particulière pour tel devoir, telle bonne action : La vertu de modestie.
- 3. Chasteté féminine : Attenter à la vertu d’une femme.
- 4. Qualité, propriété particulièrement bonne, efficace de quelque chose ; pouvoir, propriété : Les principales vertus d’une plante.
Source : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/vertu/81689
Voilà des définitions auxquelles je suis habituée depuis toujours, et qui me semblent justes. Elles ne sont pas sans rapport avec une certaine idée d’adéquation de la vertu avec les commandements divins. La vertu relève ainsi de hautes dispositions morales et de la volonté d’agir sous l’exigence de préceptes supérieurs à l’instinct bassement humain, elle suppose de l’effort, de l’élévation morale, de l’abnégation, de la maîtrise de soi. Elle sous-entend une sensibilité aux lois divines pour le vivre ensemble et le respect de soi-même qui sont présentes par exemple dans les “Dix commandements” de l’Ancien Testament ou dans l’Evangile. Ajoutons à ceci que la troisième définition, s’il est anormal qu’elle ne soit exigée que des femmes et non des hommes, est totalement “passée de mode” dans la civilisation occidentale, du moins en ce pays de France : ainsi, une jeune fille ou femme “vertueuse” au sens de cette définition ferait de nos jours plutôt fuir les hommes, et ce non sans s’attirer un certain nombre de quolibets. Ce qui a été pendant des siècles voire des millénaires une qualité recherchée est devenu en quelques décennies une tare.
Or, quand parle-t-on encore de vertu de nos jours, qu’est devenu dans le langage quotidien et journalistique “un comportement vertueux” ?
Je pense qu’il n’a échappé à personne que l’expression ne s’emploie plus que pour désigner une attitude “éco-responsable”. L’écologie est à la mode, même en Eglise depuis “Laudato si”. Loin de moi l’idée de réfuter cette nécessité de la prise de conscience de notre agir longtemps néfaste pour la planète, j’ai comme tout un chacun l’amour de la création et la nostalgie de sa beauté avant que l’homme ne s’emploie à la saccager par une exploitation éhontée de ses ressources. Mon propos n’est donc pas de minimiser l’urgence de la conversion écologique.
Cependant, il ne faudrait pas que la préoccupation pour la planète éclipse le sens moral qui était jusqu’ici contenu dans la notion de “vertu”. Car franchement, quand je constate qu’on est capable d’une violence extrême vis-à-vis du prochain voire des forces de l’ordre au nom de combats d’ordre écologique – je pense bien sûr, entre autres nombreux exemples, aux violences inouïes qui ont eu cours hier à Sainte-Soline – je me demande où se situe chez ces activistes de l’extrême le sens de la “vertu”.
Et je me demande aussi, si on allait interroger les jeunes de la génération Greta Thunberg sur le sens à donner à un “comportement vertueux”, quelle serait leur réponse : chercher en toutes circonstances à observer respect de soi-même et d’autrui ou éradiquer de nos placards tupperware et flacons de shampooing en plastique, ceci en allant au besoin lancer des cocktails Molotov sur le vis-à-vis pour faire entendre son point de vue ?
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Merci Véronique