Jeudi 19 septembre 2024 est tombée la nouvelle que je n’aurais jamais souhaité apprendre : tout en n’affirmant pas l’authenticité des “apparitions” de Medjugorje, les nouvelles normes de discernement vaticanes permettant de s’affranchir d’un tel jugement, Rome a cru bon de déclarer ne pas trouver d’objections à ce que ce “sanctuaire” prospère dans la continuité de son expansion depuis 1981, et ce au vu de la “bonté des fruits” dudit lieu de pèlerinage. Et d’arguer que l’on peut y observer des conversions et des retours à la “foi véritable ” puisque l’on se confesse là-bas, que l’on y assiste à la messe et à l’adoration eucharistique, que des “bonnes œuvres” y trouvent leur source, qu’on y prie le chapelet et que des prêtres ou des religieuses affirment y avoir reçu leur vocation.
Soit. Je ne nie pas que cela soit possible, les pèlerins affluent à Medjugorje et l’Eglise catholique a visiblement quelque chose à y gagner. Pratique en son sein, vocations pour la servir en interne et évidemment monnaies sonnantes et trébuchantes, les pèlerinages, les marchands du temple et les quêtes là où les donateurs sont nombreux ayant de toujours été une belle source de revenus pour l’Eglise locale et au-delà.
Ces “beaux fruits”-là, bien appétissants pour une Église catholique en chute libre en Occident, l’ont donc emporté sur la raison, le discernement et l’appel à l’Esprit saint. Eh oui, on est faible devant l’appât du gain, qu’il soit quantitatif en fidèles ou en matière financière. Rome allait-elle définitivement se montrer circonspecte devant un “sanctuaire” sorti de terre en Bosnie où tout avait pourtant très mal commencé, voyants douteux et menteurs à l’occasion, guerre ecclésiale interne entre leurs supporters et leurs opposants, Gospa étrangement bavarde délivrant plus de messages qu’un métronome de battements, enrichissement indéniable des protagonistes, vedettarisation internationale des voyants s’éparpillant en interviews et conférences, et profondes dissensions dans toute l’Eglise catholique jusqu’à son sommet au sujet de ces phénomènes bien encombrants et compromettants ? Benoît XVI en son temps était réputé allergique à Medjugorje. On pouvait espérer que son successeur ait la même circonspection et ne vienne pas finalement autoriser des dévotions qu’il moquait lui-même lors d’un retour en avion il y a quelques années, quand il comparait la Gospa à une employée des postes délivrant des messages à une régularité d’horloge.
Mais la pression des défenseurs de Medjugorje a visiblement été trop forte, et dans la lignée d’une commission Ruini qui comptait rien moins que le sulfureux Tony Anatrella – tombé depuis en profonde disgrâce ecclésiale – comme “expert psy” des voyants (on peut imaginer le sérieux de ces expertises !) le défaut de discernement l’a finalement emporté, et en trafiquant au préalable les clauses de discernement vaticanes, il devenait possible désormais à Rome de proclamer ce scandaleux Nihil obstat à la “Reine de la Paix” de Medjugorje qui a pourtant engendré 43 ans de querelles intestines et autant de messages sans aucun intérêt évangélique autre que de faire fréquenter les églises et les chapelles et de monter en épingle la soit-disant supériorité catholique sur toutes les confessions chrétiennes.
On aurait rêvé d’une Vierge Marie donnant une impulsion à l’effort œcuménique en régression depuis des décennies, que nenni, la Gospa est catholique, dévote, papiste, appelle au jeûne et au chapelet, et n’a qu’un vœu : que le lieu de ses “dernières apparitions” devienne le centre du monde pour bien enfoncer le clou de la mariologie et surtout être omniprésente aux côtés de son Fils qui n’a décidément pas l’air d’être assez grand pour convertir les âmes et annoncer sa Parole lui-même.
On l’aura compris, je désapprouve à 100 % ce Nihil obstat sur le développement du “sanctuaire” de Medjugorje. Car de mon côté, même si j’y suis minoritaire, sans être cependant la seule, je suis convaincue depuis très longtemps que la Gospa n’a rien de marial à proprement parler, elle n’est qu’une habile entité revêtant son aspect et son langage supposé, bref rien moins qu’un faux ange de lumière, une entité démoniaque qui se joue de l’Eglise catholique depuis quatre décennies. Et par ce Nihil obstat, le diable entre dans la place par la grande porte.
Les fanatiques de mauvaise foi abondent déjà en messages d’exultation mensongère sur les réseaux sociaux, prétendant que ça y est, les apparitions de Medjugorje sont officiellement reconnues, alors qu’il n’en est rien. Mais on leur a ouvert la porte de l’arrogance après 43 ans où ils ont tellement espéré une reconnaissance de leur idole bleutée. Ils peuvent désormais tout se permettre : ce Nihil obstat, qu’ils interprètent comme un blanc-seing du Vatican, va les décomplexer définitivement, et nous n’avons pas fini de devoir supporter leurs délires charismatiques et leur suffisance béate.
Je le dis de toute la force de ma foi chrétienne et de mon amour incommensurable pour le Christ Jésus et sa Parole consignée dans les Évangiles : ce Nihil obstat est une manière de laisser entrer le mensonge, le leurre et la compromission avec l’ennemi de toujours jusqu’à la chaire de Pierre. Le mal est fait et n’est plus rattrapable. Une voie royale s’ouvre pour l’Adversaire de coloniser les âmes jusqu’au cœur des églises catholiques, et même jusqu’au pied des tabernacles.
Nihil obstat .
Rien ne s’oppose désormais au règne de l’Antichrist, et on ferait bien de méditer d’urgence les Épîtres aux Thessaloniciens qui ont tout annoncé d’avance.
Veronique Belen, 22 septembre 2024
Source image : Vatican.news
5 commentaires
Bonjour, je suis tombée sur votre blog providentiellement et plutôt que de sombrer dans la critique, j’ai juste une question à vous poser : êtes-vous allée à Medjugorge ? Personnellement, j’y suis allée 2 fois : suite à la 1ère fois je suis retournée me confesser et suite à la 2ème, j’ai découvert la grâce du jeûne. Voilà, ce n’est qu’un témoignage….je ne suis pas Dieu pour poser un jugement, on mesure l’arbre à ses fruits…c’est écrit dans l’Évangile il me semble. Site bénie!
Bonjour Nicolette,
Pour répondre à votre question, non, je ne suis jamais allée à Medjugorje et Dieu m’en garde ! Je n’ai pas d’argent à dépenser pour faire encore davantage prospérer ce lieu d’une part, et d’autre part, s’il fallait aller dans tous les endroits que l’on désapprouve pour être sûr qu’on les désapprouve, on passerait sa vie à aller dans des lieux de perdition que le Seigneur nous donne la grâce de fuir : je n’irai pas plus à Medjugorje que je n’irai dans des célébrations télé-évangéliques américaines, dans les sectes de tous poils, dans les lieux de décision des talibans ou dans les maisons closes. Je n’y suis jamais allée et cela ne m’empêche pas de les dénoncer. On peut se documenter sérieusement sans se rendre dans des lieux connus, une profession existe pour le faire à notre place : le journalisme reporter. Et je peux vous dire que depuis vingt-cinq ans, j’ai lu tout ce qui me tombait sous la main ou suite à mes recherches sur Medjugorje, j’ai lu les plus éminents religieux ou reporters s’étant documentés sur la question, j’ai ferraillé pendant des heures sur les réseaux sociaux avec les adeptes de ces fausses apparitions et me suis au passage fait copieusement insulter par eux.
Aussi, inutile pour moi d’aller là-bas humer les relents charismatiques des veillées de prière où l’entre-soi des adeptes renforce leur crédulité.
Vous êtes allée vous confesser et vous jeûnez suite à votre pèlerinage, tant mieux pour vous. Vous voilà fidèle aux prescriptions de la Gospa et vous avez des chances de plaire à l’Eglise, tant mieux pour l’Eglise. Ce qui ne veut pas dire pour autant que le Christ Jésus ait trouvé une nouvelle disciple prête à le suivre sur les chemins escarpés de l’Evangile, le jeûne et la confession n’étant pas ses principales recommandations de vie.
Quant à me bénir, je reconnais bien là les paroles parfois factices des conquis de Medjugorje qui veulent s’efforcer de “bénir ceux qui les maudissent” davantage pour s’assurer bonne conscience et bonne réputation que pour me souhaiter de progresser encore en discernement et en courage de dénoncer les contre-vérités qui ont cours dans l’Eglise catholique des temps où nous sommes.
Vous allez vous confesser et vous jeûnez suite à un pèlerinage à Medjugorje : eh bien, en vous en targuant ici, vous avez déjà eu votre récompense.
Faire la promotion de Medjugorje et défendre la vérité de l’Evangile, ce n’est pas exactement la même chose.
Merci ! Telle d’accord avec vous. Je suis de plus en plus convaincu que la mariolâtrie est le mal du catholicisme. Je suis catho mais ai beaucoup de peine avec cette tendance à faire de Marie une déesse.
Je partage votre opinion et votre réaction. Pour des raisons professionnelles j’étais en.Bosnie peu après le début des “apparitions” , c’est un lieu d’une grande intolérance et les marchands du temple y sont très proches des mafias locales
Même si je ne crois pas aux entités démoniaques, je suis d’accord sur le fond : Medjugorje n’est pas un lieu d’apparition.
C’est une escroquerie et le langage des autorités romaines qui n’ont pas le courage de le dénoncer est vraiment trouble, vaseux, propre à égarer.
Les gens du lieu n’y croient plus depuis longtemps.