Depuis que j’ai pris position très clairement contre Medjugorje et ce Nihil obstat malvenu il y a une semaine, je ne puis que constater à quel point les adeptes de ces fausses apparitions s’enhardissent. Les “messages” de la Gospa envahissent à nouveau les réseaux sociaux, adjoints désormais de la mention “approuvé par l’autorité ecclésiale”. Voilà précisément le point auquel on n’aurait jamais dû arriver. L’arrogance des dévots de la Gospa n’a désormais plus de limites.
J’ai fort heureusement été réconfortée par de nombreux correspondants, jusqu’à des prêtres ou théologiens, qui se retrouvaient dans mon objection. J’ai la chance d’être totalement libre de vœu d’obéissance à la hiérarchie catholique, ce qui autorise mon franc-parler. Je suis consciente que la position des ordonnés et religieux est moins confortable que la mienne quand il s’agit d’exprimer une désapprobation à certaines décisions vaticanes. Aussi poursuivrai-je dans mes prises de position libres et dénuées d’une quelconque influence.
Depuis quelque temps, un adepte de Medjugorje me poursuit par messages privés pour tenter de me convertir au blabla de son idole ; et de m’envoyer force affirmations de prières pour ma pauvre âme en perdition et abondance de vidéos d’un prédicateur marianiste qui a de l’audience dans ces milieux-là !
Il me rappelle une amie d’Alsace, une co-paroissienne catholique qu’au demeurant j’aime beaucoup, mais qui évolue depuis plus de vingt ans que je la connais et fréquente dans une autre sphère spirituelle que la mienne. Sous direction spirituelle marianiste justement, elle est mariale à l’extrême, attirée par le renouveau charismatique, très attachée au dogme et à la doctrine catholiques, souvent déconcertée par mes prises de position et options spirituelles. Je lui rends grâce pour toutes les prières qu’elle a déjà lancées vers le ciel en ma faveur. Mais comme il convient en Dieu, elle n’obtient pas forcément de Lui ce qu’elle espère pour moi, et pour cause : mon unique préoccupation ici-bas étant la quête et la défense de la Vérité, je ne risque pas de tomber dans des dévotions coupables.
Et donc, cet interlocuteur-là, que je ne connais d’ailleurs pas, se fourvoie aussi en prières douteuses à mon sujet. Parfois, j’ai le sentiment que ces dévots de fausses doctrines ne sont finalement pas si sûrs d’eux, et que voir autrui rejoindre leurs dévotions hasardeuses les conforte avant tout dans leurs choix personnels. Que dire alors de ce Nihil obstat obtenu et qu’ils ont tant désiré ! Les voilà réconfortés dans leurs adorations malsaines pour un moment…
A l’aube, j’ai fait l’effort d’écouter une homélie, envoyée par cet interlocuteur, d’un prédicateur marianiste en odeur de sainteté chez les medjugorjistes, Francis Goossens pour le nommer. Il s’agissait d’un volet d’une neuvaine à Saint Michel Archange. Et d’affirmer que nous péchons à trop nous préoccuper du mal à l’œuvre dans le monde, que ce mal finit alors par nous atteindre et troubler notre quiétude intérieure.
Ah, voilà donc la belle affaire ! Notre quiétude intérieure ! Voilà la quête spirituelle de ces gens-là ! La paix de la Gospa serait donc cette paix-là ! Car de paix, je n’en vois guère à l’œuvre dans le monde par les temps qui courent, mais pardon, je me perds, je devrais mettre des œillères et fermer les écoutilles pour que les guerres et les conflits ne m’atteignent pas !
Je réaffirme donc ici, comme je l’ai répondu à mon contradicteur, que l’Évangile n’est pas un traité psycho-spirituel de quiétude intérieure. Il ne s’agit pas d’oublier le monde pour s’oublier en Dieu, comme s’il était possible de vivre “au ciel” alors que nous sommes plongés dans l’enfer du monde et que nous devons œuvrer à délivrer notre prochain des jougs qui l’entravent.
Ainsi, si pour vivre déjà “au ciel”, ce qui au demeurant me plairait beaucoup, je dois oublier l’Ukraine martyrisée, le Moyen-Orient à feu et à sang, l’Afrique orientale en proie aux guerres civiles et à la famine et mes sœurs afghanes privées de tous droits et de toutes libertés par ces monstres abjects de talibans, certes j’atteindrai une belle quiétude intérieure, mais qui résoudrait quoi ?
Le gros problème dans les fausses dévotions, c’est que leurs acteurs s’en remettent à une idole pour les sauver du mal : or ils auront beau prier leur Gospa pour que la paix advienne dans le monde, cela ne fonctionnera jamais puisqu’elle est chimérique. La preuve depuis 43 ans qu’elle annonce la paix et que les conflits mondiaux vont galopant ! Peut-être ses adeptes ont-ils acquis un petit nirvana intérieur, tant mieux pour eux, mais en aucun cas cela n’améliore quoi que ce soit à la marche du monde, et surtout quand ils cherchent en outre à convertir les authentiques chrétiens à leur quiétisme stérile. L’Évangile est Parole de Dieu, vie hautement subversive du Christ Jésus qui a été le contraire de la mièvrerie béate, il est un ardent appel à lutter contre l’indifférence à notre prochain et à marcher dans les pas du seul Maître digne de ce nom.
3 commentaires
Bonjour Mme Belen
Difficile pour moi tout comme vous, de comprendre cette décision . Les conflits mondiaux actuels tout comme ceux anciens, sont le fruit de la liberté donnée par Dieu aux hommes. Et jamais Dieu ne pourra intervenir dans ces conflits car ils dépendent tous de nous,de notre liberté et de notre envie de faire cette Paix. Dieu respecte trop notre liberté pour intervenir dedans. Marie sa douce mère reste le phare qui montre et guide chaque personne vers son fils. A Jésus par Marie . J’aime Lourdes et j’aime Marie mais jamais je n’ai eu un attrait pour ces apparitions de medjugorje. Trop d’années, trop répétitif, trop insipide et trop décalé. Mais que voulez vous, beaucoup de nos frères et sœurs ont besoin de cela et se trouve trop facilement vers le surnaturel sans réfléchir. Merci
J’ai fait mon secondaire chez les marianistes à St Dié dans les années 60. Ils me semblaient alors dans l’ensemble, assez progressistes. Cela a du changer. J’aimerais savoir comment vous vous définissez (si vous le pouvez) par rapport au catholicisme. Personnellement, en fonction de mon interlocuteur, je me définis comme “catholique non romain”, ou “catholique réformé” car bien que m’étant libéré de la soumission au magistère romain, je me considère toujours catholique dans le sens “universel”. Avez-vous lu ” De toutes les nations… “, dernier ouvrage du Groupe de Dombes ?
Alain Scheuir difficile pour moi de définir mon appartenance religieuse. J’ai toujours dit, et je continue à dire que je suis chrétienne. Je ne renie nullement ma lignée familiale exclusivement catholique, j’ai reçu le baptême à deux semaines de vie par l’intermédiaire de mon seul oncle, tout jeune prêtre, et ce fait revêt pour moi une importance capitale. Mais j’ai toujours eu du mal à m’affirmer catholique en raison des connotations sociales de cette appellation, mon terreau est le catholicisme militant, à la fois rural et ouvrier, en tout cas le catholicisme des pauvres et des petits… qui disparaît de plus en plus du paysage occidental.
Ce qui est certain, c’est que ma foi est œcuménique, je suis une chrétienne au carrefour des différentes confessions. Et très ouverte aussi sur l’interreligieux, avec une prédilection pour le judaïsme qui est la religion de celui que j’aime depuis toujours : le Christ Jésus.