Ce texte est la réaction de ma fille à ma publication précédente dans laquelle j’ai évoqué ses expériences ecclésiales :
https://www.histoiredunefoi.fr/blog/15710-echos-dune-certaine-imposture-catholique
Tout est résumé dans ces trois phrases :
“En vérité, ma foi n’intéressait personne.”
“Nous constatons en catholicisme de paroisse une foi terne, ritualiste, essentiellement concentrée sur la liturgie et son déroulé saisonnier, peu ouverte aux Ecritures dans leur subversion intrinsèque, une foi en berne qui regarde les âmes de feu avec suspicion.”
“Donner sa vie au Christ, à l’Evangile, au Père, c’est brûler d’amour pour la Parole et déployer son zèle pour les faire connaître, de même que désirer le salut d’autrui.”
Plus je pense à l’Église Catholique et plus j’ai la nausée. Rien que les mots “église” et “catholique” créent un malaise en moi. Je me suis toujours sentie et définie comme “chrétienne” : ce mot est beau, léger, plein de foi et d’espoir, il m’évoque la liberté et il contient le Christ. Tandis que le mot “catholique” sonne à mes oreilles comme les mots protocole, règlement et enfermement, et ne réveille en moi que des images de dorures ternies, de litanies moroses et de nappes défraîchies. Et je pense que c’est l’image que beaucoup de gens aujourd’hui se font de cette Église. D’où sa désertification.
Sans remettre en question la bienveillance et la générosité de ses fidèles, l’institution en elle-même est plus que discutable, si ce n’est dangereuse. Car quand on y regarde de plus près, son fonctionnement rappelle de façon troublante celui d’une secte… :
- Ses adeptes, convaincus de son bien-fondé, sont comme anesthésiés et sous son emprise.
- Ils sont encouragés à recruter et y impliquer de nouveaux adeptes, auxquels ils distribuent des tâches pour servir l’institution.
- Tous les moyens sont bons pour y faire rentrer de l’argent. Et pour cela il est de bon ton de mobiliser ses membres bénévolement afin de récolter des fonds, aux moyens de quêtes, de ventes, et de monétisation de la moindre action.
- Une poignée de membres de cette institution (uniquement des hommes qui plus est) en concentre la richesse et le pouvoir.
- Ils y ont instauré une hiérarchie, des protocoles et des règles immuables, et le changement ne peut y advenir que par ces chefs qui s’élisent entre eux, dans le huis-clos le plus total.
- Il est impossible d’y contester quoi que ce soit quand on en fait partie, sous peine de punition et d’humiliation générale.
- Il s’y passe des violences et des abus, psychologiques et sexuels, sur des personnes vulnérables qui ont accordé leur confiance à l’institution.
- On en tait les secrets, et on passe sous silence ses violences et ses scandales, d’autant plus lorsqu’ils sont commis par des haut-placés. On en blâme les victimes et on leur impose le silence.
- Il est aussi très facile d’y entrer, mais très difficile d’en sortir une fois qu’on y est impliqué. Et ceux qui osent franchir la porte de sortie de leur plein gré (quand ils y arrivent) se voient menacés, lynchés, voire damnés.
…exactement comme dans une secte.
Rien qu’en observant certains catholiques pratiquants, je ressens en eux ce conformisme, cette hébétude et cette absence de foi sincère, qui contrastent tellement avec les êtres humains à la foi vibrante que je croise sur mon chemin ! L’emprise qui œuvre en Église Catholique est comparable à celle qui lie une victime de violences à son bourreau. Et personne ne semble s’en rendre compte, hormis ceux qui en ont fait les frais et se sont vus exclure, ostraciser.
Jésus n’a-t-il pourtant pas dit : “Aimez-vous les uns les autres” ? N’était-ce pas là le cœur de son message ?
Alors croyez-moi : l’Église Catholique d’aujourd’hui n’est plus l’Église de Dieu.
Dieu a construit son Temple ailleurs, dans le cœur des gens humbles et sincères, qui vivent son Évangile dans sa plus simple Vérité. Ils ignorent ses diverses traductions et interprétations, et n’ont souvent même pas besoin de le lire pour en saisir le sens et l’essence, car ils ont déjà la Parole de Dieu qui brûle en eux et les anime.
L’Évangile ne se dissèque pas comme un objet de science. Il ne se mutile pas, morceau par morceau, pour le reconstituer autrement, en en omettant volontairement des parties. Il se vit, se ressent, se comprend par le cœur, se prend tout entier et tel qu’il est. De la même façon que Dieu connaît chacun de nous dans notre intégralité, que l’on ne peut rien lui cacher.
Dieu a choisi en envoyant Jésus sur Terre de s’adresser à tous les Hommes, de leur porter son message. Sa Parole est ainsi rendue accessible à tous, du plus jeune au plus âgé, de l’érudit à l’illettré, et ceci quelles que soient son origine, sa langue, sa confession. Et les plus humbles des siens l’ont compris.
J’ai trouvé cette compréhension profonde et sincère de l’Évangile dans le regard et l’âme de gens en qui je ne m’y attendais pas. J’ai chaud au cœur de savoir qu’il y a sur Terre des humains qui vivent leur foi avec la même intensité que les premiers chrétiens, témoins directs du message vivant de Jésus.
Ces gens existent, ils sont partout, mais de moins en moins dans l’Église Catholique. Ils vivent leur foi ailleurs, autrement, ensemble, dans le partage et l’ouverture à l’autre, sans faire de distinction entre les êtres humains, exactement comme Dieu considère ses enfants.
Dieu fait fi des religions et des galons créés par les Hommes, il n’a pas plus de considération pour un Pape que pour une petite fille afghane, et il tend même à s’adresser plus facilement au cœur pur et ouvert d’une enfant anonyme, qu’à celui endurci par la gloire d’un vieillard placé par les Hommes sur un trône terrestre.
De la même façon, Dieu est allé s’adresser directement à Jean, un parfait inconnu, dans le désert, court-circuitant toute la hiérarchie du pouvoir à l’œuvre en son temps. Jean qui n’était personne aux yeux de l’humanité, avant que son histoire ne soit mondialement contée.
Dieu s’adresse aux plus petits d’entre nous. Et il serait bon de se le rappeler, à l’heure où l’on cherche à faire taire ces derniers sous prétexte d’illégitimité.
Puissent les Hommes ouvrir leur cœur au message sincère et à la simplicité de Dieu, afin d’y rallumer la flamme de la foi véritable.
DAM
4 décembre 2024
Image : Photo Pascal Deloche / GODONG