Pendant ces quelques jours entourant la Toussaint, je n’ai eu que des occasions de me réjouir : retrouvailles avec des amis très chers et que je ne vois pas souvent, à cause des kilomètres qui nous séparent ; moments festifs ou plus intimes en famille, que je goûte d’autant plus que comme j’habite dans une autre région depuis dix-sept ans, nous ne nous rencontrons que quatre ou cinq fois par an. Complicité avec mes soeurs pour la préparation d’une fête de Noël dont le but est d’honorer notre papa, mais nous voulons lui en réserver la surprise le moment venu. Chut…
Et même quand je vais allumer une bougie sur la tombe de ma maman, je ne suis pas triste. Jamais je ne l’imagine sous cette dalle. Je la sais ailleurs, dans la lumière, dans la douce récompense de toute sa vie d’humilité et de service. C’est à une âme vivante et bienheureuse que je parle en mon coeur, j’allume cette petite lampe pour elle, près des fleurs que mon père et ma soeur ont déposées. C’est à son tour d’être honorée, elle qui pendant tant d’années a entretenu dans l’abnégation le caveau familial. Je ressens son regard souriant. Cette nuit, des enfants pourront bien défiler grimés horriblement dans son village, elle qui détestait comme moi cette fête d’Halloween, si elle jette un regard sur nous, son mari bien-aimé, ses filles et ses petits-enfants qui étaient toute sa vie, elle verra aussi dans la nuit noire cette petite flamme vacillante éclairant des touffes de fleurs bien méritées…