Aujourd’hui, je me sens en solidarité profonde avec toutes mes sœurs en humanité.
Mes amies, ici, ont pour la plupart une vie libre et décente. C’est loin d’être le cas partout si j’élargis mon regard.
Je pense à toutes les petites filles dont on avorte ou qu’on tue à la naissance en Inde ou dans d’autres pays d’Asie précisément parce qu’elles sont filles, et qu’arrivées à l’âge de se marier, leur dot va peser trop lourd dans le budget de la famille.
Je pense à toutes les petites filles qui n’ont pas droit à l’école, parce qu’une femme qui étudie et accède à la connaissance, c’est une menace pour la soumission qu’on va lui demander plus tard.
Je pense aux jeunes adolescentes mariées de force à un mari qu’elles n’ont pas choisi, qu’elles n’ont peut-être même jamais vu, qui les violera leur nuit de noces et avec lequel elles devront pourtant vivre toute leur vie.
Je pense aux jeunes filles surveillées en permanence par un père, un frère, puis un mari. Privées de la moindre liberté.
Je pense aux femmes victimes de violences conjugales, et qui se taisent par peur et par dépendance financière.
Je pense aux femmes victimes de crimes d’honneur. Immolées parce qu’un homme a été pour une raison valable ou non blessé dans son orgueil.
Je pense aux femmes violées dans les pays en guerre, parce que le viol est une arme de guerre, les violer c’est conquérir leur corps au même titre que le territoire et humilier toute la communauté sociale à laquelle elles appartiennent.
Je pense aux femmes qui, après leur mariage, sont installées dans leur belle-famille et deviennent la servante d’une belle-mère qui leur fait payer ce qu’elle-même a enduré plus jeune.
Mais je peux aussi centrer mon regard sur notre pays.
Et là, je vois des femmes surmenées, parce que certains de leurs compagnons n’ont toujours pas compris qu’assumer une tâche ménagère, ce n’est pas “les aider”, mais faire sa juste part de travaux domestiques.
Je vois des femmes qui, à travail égal, sont toujours moins bien payées que les hommes.
Je vois des femmes auxquelles on impose le travail à temps partiel, qui ne leur permet pas d’avoir leur autonomie financière.
Je vois des femmes harcelées par des petits chefs imbus de leur pouvoir.
Alors oui, une journée de la femme, une seule dans l’année, c’est loin d’être une idée ringarde de féministe démodée.
Source image : https://www.ac-bordeaux.fr/8-mars-2023-journee-internationale-des-droits-des-femmes-128254
8 commentaires
Et bien…
Pourquoi ne pas regarder aussi les femmes qui trouvent leur compte dans une certaine… soumission ?
J’en fais partie. Je suis étonnamment libre dans mon service. Certainement il y en a d’autres ; je ne peux pas être si exceptionnelle..
Nous vivons à l’heure actuelle dans une société où personne ne veut servir. Ça créé des tensions inévitables.
Sauf que, tu vois, n’est-ce pas lors de la Cène que Jésus se met aux pieds de chaque disciple, et qu’il lui lave à chacun les pieds, signifiant par ce geste, SON SERVICE ?
Celui que les disciples ont regardé… comme un Dieu (et Jésus voulait-il vraiment être regardé comme un Dieu ? si je suis la logique du personnage, c’est incompatible avec ce qu’il essayait de transmettre dans l’Evangile), se met à leurs pieds, comme un esclave, et se comporte comme un esclave…
Eternelle révolution de l’Evangile qui montre à qui veut voir combien le service est le point d’achoppement de l’homme ET de la femme.
La logique du Livre n’est pas la logique des droits de l’homme, Véronique.
Je ne le crois pas un instant. Il y a même une certaine incompatibilité entre la religion de la République, et les religions du Livre. Parce que, entre autres difficultés, elles sont toujours en concurrence pour le coeur des fidèles. C’est Jésus lui-même, me semble-t–il, qui a dit qu’on ne pouvait pas servir deux maîtres, et là, je suis d’accord avec lui…Bien que la religion de la République constitue une forme de réécriture de l’Evangile sur la plupart des points, en fin de compte, elle reste… un ersatz, comme un vin qu’on aurait coupé avec de l’eau.
A mon avis.
Ça, on ne veut pas trop voir en France, à l’heure actuelle, où le Christianisme, source des valeurs républicaines, est assez affaibli.
Comment peut-on sortir de l’impasse dans les rapports homme/femme ?
En imaginant que chacun est au service de l’autre, à mon avis… et que les places ne sont ni identiques, ni symétriques. Il s’agit de laisser choir la revendication pour SE mettre au service de. Une vraie humilité, quoi.
Mais de toute façon, le vrai changement commence TOUJOURS… chez soi, et pas chez autrui.
J’ai mis du temps à comprendre ça, mais il s’agit d’une vérité pour moi.
Si tu lis vraiment bien mon post Debbie, tu verras que je ne parle que de femmes qui n’ont pas choisi ce qu’elles vivent, qui subissent des violences parfois extrêmes et des injustices que l’Evangile ne cautionne en aucune manière. C’est trop facile d’évoquer les Ecritures pour obtenir la soumission des femmes. Le Christ a bien été le premier à avoir toujours une attitude libérante vis-à-vis d’elles.
Mais je crois t’avoir bien lu, Véronique. Je ne vois pas en quoi je ne t’ai pas bien lu.
Nous avons un point de vue différent sur ces questions, c’est tout…
Ok!
Oui, mais malheureusement c’est une mauvaise traductuion, en anglais on dit bien womensday et non woman.
J’ai posté le lien parce que je trouvais l’article intéressant Lana, sinon bien sûr je suis d’accord avec toi !
http://www.un.org/fr/events/womensday/
Très juste! Juste une précision: le nom exact est journée internationale du droit des femmes. LA femme n’existe pas, et cette appellation est française, elle renvoie à un stéréotype, une sorte d’éternel féminin figé. Ça ne choque pas forcément tout de suite parce qu’on l’a entendu des tas de fois, mais imagine un peu qu’on dise “journée de l’handicapé”, “journée de l’aveugle”, c’est assez réducteur, non ? Le pire est qu’en France ou en Belgique, certains font carrément passer ça pour la fête des femmes, comme la fête des mères, et du coup on oublie complètement qu’il ne s’agit pas d’une fête mais de dénoncer un manque de droits.