Jésus,
Depuis hier soir à la célébration de la dernière Cène, toi seul sais pourquoi, les larmes me viennent de façon irrépressible. Trop fatiguée, je n’ai pas pu rester à l’adoration nocturne. Mais bien au chaud dans mon lit, je n’ai pas pu trouver le sommeil pour autant et l’insomnie m’a tenaillée jusqu’à quatre heures du matin… l’heure à laquelle tes frères cisterciens se lèvent pour chanter ta louange.
Toi seul sais pourquoi et comment, chaque année, tu me donnes de vivre les temps liturgiques non pas comme des dévotions extérieures, mais comme une communion intime à tes souffrances et à tes joies. Cette nuit tu souffrais seul à Gethsémani, agrée cette petite mortification d’une nuit presque sans sommeil comme preuve de mon amour pour toi.
Je t’imagine, apprenant à lire aux pieds de ta mère dans les rouleaux de la Torah et des Prophètes, et découvrant le poème du serviteur souffrant en Isaïe 53. Et tes yeux s’emplissent de larmes, tu demandes à ta mère pourquoi il doit souffrir aussi injustement, et dans le même mouvement, tu comprends que c’est de toi que parle l’Ecriture. Et dès cet instant, tu sais quelle issue aura ta vie terrestre. Plus tard, les foules prêtes à t’aduler un moment n’y changeront rien, toi tu l’as bien compris, tu es l’Agneau sans tache qui sera immolé pour les péchés de tous ceux-là, de tous ceux qui les ont précédés et de tous ceux qui les suivront. Ta vie doit être une vie donnée. Tu ne peux concevoir de projets personnels d’avenir. Quelles que soient tes affections, tu dois aller vers ce point de rupture du Vendredi Saint, cet acharnement sans nom contre ta chair chaste et tendre, ce torrent d’insultes et de crachats qui te viennent, souffrance suprême, de ceux qui prétendent comprendre Dieu mieux que toi.
Ton corps en croix je le vénère, non comme une affection morbide, mais dans un élan profond de mon coeur vers toi qui nous as tout donné, tout, jusqu’à la dernière goutte de ton sang qui nous sauve, jusqu’au dernier frémissement de vie de ta chair suppliciée, offerte depuis à nos âmes défaillantes dans le sacrement de l’Eucharistie.
Donne-moi, Jésus, de savoir essuyer ton visage dans mon prochain qui souffre, et de n’avoir de cesse de témoigner de mon amour pour toi dans ce monde qui te crucifie encore, chaque jour, dans la violence ou dans l’indifférence…
Véronique
1 commentaire
Je n’ aurais pas l’impudeur, Véronique, de commenter ta lettre d’ Amour à Jésus. J’ essaie seulement de la faire mienne;..
Dans la nuit de jeudi à vendredi, je me suis beaucoup réveillé, et, chaque fois, j’ ai pensé au reniement de Pierre, à la mort de Judas; je me suis uni à Jésus passant de Hanne chez Caïphe, puis de Pilate chez Hérode, pour revenir finalement chez Pilate et y être condamné à mort, malmené par une troupe de soldats sans états d’ âme qui l’ humilient, le maltraitent, le battent..le flagellent, lui enfoncent de épines dans la tête, .se moquent de lui, alors qu’ eux, ils n’ ont rien, personnellement, à lui reprocher. Mais il faut bien occuper une nuit de soldat privée de sommeil… Je n’ ai jamais rien trouvé d’ aussi dégradant que de torturer quelqu’un pour le plaisir !
Oui, une nuit de cauchemar ! en attendant le supplice de la Croix.
Et tout cela pour nos péchés..
Et moi, j’ étais bien au chaud dans mon lit…