Samedi Saint. Tu as été enseveli. Tu n’es plus visible par personne. C’est le choc de ta crucifixion, de ton esprit remis au Père dans un suprême acte d’abandon et de pardon. C’est le temps du vide de ta présence. C’est le temps de la foi.
Ne pas pouvoir croire, après une vie aussi donnée à Dieu et source d’infinies bénédictions, que le Tout-Puissant va en rester là. Dans toute la foi des Psaumes, ne pas pouvoir envisager que l’injuste aura triomphé jusqu’au bout. Croire, au-delà de toute apparence, qu’il est tout proche, Celui qui te justifie. Croire et espérer comme ta mère, comme les plus fervents de tes disciples, comme les plus fidèles de tes amies. Croire et espérer le matin de Pâques.
Cette année, je vis ce Samedi Saint dans un recueillement particulier.
Mon fils se trouve avec une famille et de nombreux amis autour d’un lac, en Suisse, où se sont noyés deux plongeurs il y a trois ans, deux frères de 20 et 22 ans, pleins de vie, fourmillant de projets et d’engagements solidaires, beaux et rieurs, faisant la joie de leurs parents et de leur petite soeur, contagieux dans leur enthousiasme pour leurs nombreux amis.
Deux sourires demeurés figés dans une éternelle jeunesse, deux blessures indélébiles dans le coeur de tous ceux qui les ont aimés, et qui ne peuvent parler de leur mort, mais que de leur vie.
Nourrir l’espérance du Samedi Saint, demander au Seigneur qu’il se penche avec amour sur une maman suppliciée, une petite soeur amputée, un papa révolté.
Ce soir, à la Vigile, toutes mes prières seront pour vous, Johann et Florian, et pour ceux qui se sont rassemblés aujourd’hui autour du lieu de votre disparition, dans une grande communion d’amour.
Image : Photo prise par la famille à la commémoration de l’année dernière