J’ose aujourd’hui aborder un sujet qui m’attire toujours la suspicion. Parce que j’y réfléchis souvent, je dérange. Parce que j’ose en parler parfois, on détourne bien vite l’échange, on me fait comprendre rapidement que je fais fausse route, que je ne suis pas une “vraie” catholique, que tel ou tel pape canonisé ou béatifié est là pour me prouver à quel point j’ai tort…
Tous les jours, ce mois-ci, j’ai médité l’Evangile, et je vais continuer à le faire, c’est une heureuse habitude prise depuis longtemps maintenant.
Depuis le 1er mai et jusqu’à la Pentecôte, le 19 mai, l’Eglise offre à notre méditation, tous les jours, les extraits si fondateurs pour notre foi de Jean 14, 15, 16, 17 et 21. Jésus ne cesse de nous y redire l’importance de la prière en son nom et son profond désir que nous demeurions unis dans son amour. Il insiste sur sa médiation dans notre prière qui, par lui, monte vers le Père, en nous donnant l’assurance que par cette voie nous serons exaucés. Il se donne comme celui qui nous élève au-dessus du monde pour que nous accordions nos demandes à la Volonté du Père, en supportant ici-bas les persécutions pour que notre témoignage n’en soit que plus authentique. Les premiers chrétiens se sont accordés aux recommandations du Seigneur parfois au prix de leur sang. Et tout au long de l’histoire de l’Eglise, la méditation et la prédication de l’Evangile s’est perpétuée jusqu’à nous qui nous devons de le recevoir comme un précieux cadeau.
Or, voilà ce que je vis depuis dix jours : on me souhaite un heureux “mois de Marie”, je prends mon “Prions en Eglise” et j’y vois une photo de Notre-Dame de la Garde, chaque messe de semaine se termine par un cantique à Marie, on me conseille le chapelet ou le rosaire, on affirme qu’on a été exaucé en priant devant son écran d’ordinateur branché “en direct” sur la grotte de Lourdes.
C’est ainsi, pour nombre de catholiques, c’est “Le mois de Marie”. Et c’est comme si l’Ascension du Seigneur, la Pentecôte et la fête de la Sainte Trinité passaient subrepticement au second plan. Tout cela est devenu tellement naturel et accru ces dernières années que c’est presque avec appréhension que je rédige ce billet. Je vais encore être regardée de travers, soupçonnée d’irrévérence à Notre-Dame.
Eh bien, je l’assume. Pour moi, les extraits d’Evangile que je lis ce mois-ci m’importent davantage. Et mes supplications – car j’en ai, comme tout le monde – je les adresse au Christ Jésus qui nous a promis qu’il les ferait monter vers le Père, son Père qui se plaît à nous exaucer.
Ce matin, je lisais une nouvelle qui m’a mise en joie : l’unification en une seule Eglise des réformés et des luthériens de France. Tandis que les catholiques lisaient l’Evangile de Jean, les protestants s’unifiaient.
Quand viendra donc le jour où nous serons nous aussi capables d’unité, de main tendue vers eux? N’est-ce pas le désir profond du Seigneur ?
Quand je dis que je ne sais pas prier le chapelet, que je n’y ai aucun goût, c’est tout juste si on ne me plaint pas, quand on ne soupçonne pas ma prière d’être mauvaise, pauvre, voire exposée aux pires des tentations. Or, je prie le Seigneur, le Père et le Fils. Ma forme de prière est l’oraison, et pour moi, un rabâchage de chapelet serait une régression, car dans la prière, j’écoute beaucoup plus que je ne parle. Et au risque de m’attirer encore des jalousies spirituelles, je peux dire que je suis très souvent exaucée.
Je conclus, simplement, par l’Evangile d’aujourd’hui.
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en invoquant mon nom, il vous le donnera. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en invoquant mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi vous serez comblés de joie.
J’ai employé des paraboles pour vous parler de tout cela. L’heure vient où, sans employer de paraboles, je vous annoncerai ouvertement tout ce qui concerne le Père. En ce jour-là, vous demanderez en invoquant mon nom ; or, je ne vous dis pas que c’est moi qui prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vraiment vous m’aimez, et vous croyez que je suis venu d’auprès de Dieu. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. »
Jean 16, 23b-28
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