Aujourd’hui, ils ne pourront pas lui souhaiter sa fête. René est parti pour son dernier voyage à 83 ans. Une maladie récidivante, une opération, et il s’est endormi pour toujours sous les yeux de son épouse qu’il aimait tant.
La nouvelle nous arrive à l’instant même où j’apprends une naissance. Ce n’est pas la première fois que je vis cet écartèlement entre l’annonce de la mort et l’annonce de la vie.
Ma fille de 20 ans est là, c’est elle qui me l’apprend. Elle est amie avec la petite-fille de René par des liens presque aussi forts que ceux du sang. Elle a passé si souvent des vacances chez eux, son amie étant élevée par ses grands-parents. Elle a toujours été accueillie comme leur propre fille, avec cette chaleur et cette générosité des gens du Nord qui n’est pas une légende.
Nous n’hésitons pas longtemps. Il faut être près d’eux dans ces moments si difficiles, même si c’est à 600 km de chez nous, même si nous n’avons que deux jours de pause au milieu de la semaine de travail.
Une longue route, sur laquelle nous nous arrêtons pour embrasser la famille, une amie. Moments d’intense chaleur.
Et puis c’est le jour où il faut dire adieu à René. Nous arrivons tôt le matin, pour accompagner la famille dans la mise en bière. René est là, patriarche de cire, mais dense de toute sa présence aimante. Nous avons bien fait d’être là, c’est consolant de pleurer dans les bras les uns des autres. Et la petite-fille éplorée ne quittera plus son amie, sa jumelle comme elles aiment à le dire, de toute la journée. La grand-mère ravagée par le chagrin me confiera comme elle a été heureuse dans son couple avec son bon René.
Les funérailles. Beaucoup de monde, et rien que des humbles, des simples à l’image de René, qui ont “dans le coeur le soleil qu’ils n’ont pas dehors”. La famille, peu nombreuse, reçoit de nombreuses marques de sympathie pleines de tendresse. René était une figure de cette petite cité nordiste, impliqué dans des associations, aimé des enfants avec lesquels il avait une complicité naturelle, parce qu’il était humble, comme le dira si bien le prêtre dans son hommage très touchant. Sa petite-fille lui dira aussi tout son amour dans un témoignage bouleversant.
Le vent et le froid dans le cimetière, un arrière-petit-fils qui ne comprend pas pourquoi pépé ne sort pas de cette boîte, il faudrait l’ouvrir !
A la collation, nous sommes encore là, au milieu des plus proches, des amis de tous les jours. La grand-mère, pourtant à bout de fatigue, veille à ce que chacun ne manque de rien. La tristesse est aussi palpable que la solidarité. On ne la laissera pas seule après tous ces jours éprouvants, je le comprends bien en voyant tous leurs amis sincères.
Il nous faut prendre congé, nous avons une longue route à faire. Promesse de se revoir.
Nous avons vécu une journée d’une rare intensité, j’ai été extrêmement émue de l’accueil et de la chaleur de cette famille dans ces moments pourtant ô combien difficiles pour eux. Et René nous a fait le cadeau d’un magnifique moment mère-fille.
Entre dans la joie du Père, René, toi qui as donné tant d’amour aux tiens malgré une vie difficile et jalonnée de lourdes épreuves !
2 commentaires
Merci de ce partage : s’il est un moment où la présence des proches réconforte, c’est bien celui-là, celui de l’adieu à un être cher. Ce sont des moments intenses, et inoubliables. Quel bien précieux que l’amitié alors…
Un beau témoignage empli de sensibilité, d’amour, d’amitié.