A rédiger mon titre, je suis prise comme d’un vertige. Qu’est-ce que la transmission de la foi ? Pourquoi, comment devons-nous chercher à la transmettre ?
Je médite les textes liturgiques du jour (Deutéronome 4, 1. 5-9, Psaume 147, Matthieu 5, 17-19).
Transmettre la foi, ce n’est pas le mouvement d’une génération à la suivante, c’est s’enraciner dans les débuts de la révélation de Dieu aux hommes, dans ces commandements qu’Il a donnés à Moïse pour faire du peuple juif le témoin de son amour et de sa vérité. C’est se souvenir sans cesse que Jésus est né dans la foi juive, que Marie sa mère a observé la loi de Moïse, que toute leur vie était rythmée par les fêtes juives. C’est savoir le reconnaître, lui, le Christ Jésus, au détour de chaque page du Premier Testament. Il est venu pour accomplir, non pour abolir. Qui serions-nous, nous, chrétiens, pour minimiser l’importance de la subsistance de la foi juive jusqu’à aujourd’hui et sans doute au-delà, jusqu’au retour du Christ en Gloire ? Qui serions-nous pour préjuger du regard que le Père porte sur ce peuple élu dès les origines ? Sans la fidélité de ce peuple à la Loi donnée par le Seigneur, nous n’aurions jamais eu Jésus ! Hier encore nous fêtions l’Annonciation. Marie ne pouvait donner son “fiat” qu’en étant ouverte à la parole de Dieu et infiniment fidèle à la foi de ses ancêtres. Comme nous sommes prompts parfois à l’oublier en ne la vénérant plus que sous la forme d’une statue de plâtre dans un sanctuaire catholique !
Transmettre la foi, c’est nous inscrire, comme elle, dans la fidélité à ce que nous avons reçu de nos ancêtres. Puiser dans 2000 ans de christianisme pour y découvrir tous les trésors de sagesse, de foi et d’oeuvres dont les saints ont parsemé l’histoire de l’Eglise. Nous ancrer toujours davantage dans la Parole du Christ, nous nourrir, en continuité avec l’Ancien Testament, de toutes les richesses du Nouveau.
Si nous prenons profondément conscience de ces millénaires de foi au Dieu unique, alors nous pouvons tenter de transmettre nos convictions à la génération suivante. Combien de jeunes ne sont-ils pas découragés dans leur quête spirituelle par la grande diversité des croyances de nos jours ? “Qu’est-ce que la vérité ?”, pourraient-ils nous demander comme Pilate à Jésus au jour de sa crucifixion.
Si le Christ Fils du Dieu d’Israël est au centre de notre foi, elle peut s’accomplir en prenant en considération tout cet immense héritage, ces centaines de générations qui ont cru et respecté les commandements du Père accomplis par le Fils. Et nous chrétiens avons cette chance immense de pouvoir entrer dans une relation directe avec les Trois, le Père, son Fils et l’Esprit Saint qui nous est donné dans la communion de leur amour entre eux et pour nous.
Toute atteinte au respect dû à nos frères aînés dans la foi me blesse profondément.
Tout échec dans mon grand désir de transmettre la foi de mes ancêtres me meurtrit.
Personnellement, je crois que nous ne pouvons transmettre avec cohérence qu’une foi qui élargit les chapelles, qui a la dimension des bras du Christ largement ouverts sur la Croix…
Image : Siméon avec l’enfant Jésus dans le temple Rembrandt, 1669