J’ai ce privilège dont je suis consciente et pour lequel je bénis le ciel : je vis en Alsace où le Vendredi Saint est férié. Ce qui ne m’incite nullement à compter les jours de liberté pour partir me distraire, mais qui me permet de vivre au mieux un voeu déjà ancien : que ce jour-là soit tout au Seigneur. L’accompagner au mieux ce jour-là dans sa Passion.
Alors au matin, je m’impose une corvée qui me pèse, et souvent ce sont les vitres de toute la maison à nettoyer, pour laisser un peu mieux entrer le soleil de Pâques. Chaque geste devient léger quand je médite ce qu’a souffert, quant à lui, Jésus dans sa Passion.
En tout début d’après-midi, je pars pour un Chemin de Croix de ma communauté de paroisses en pleine forêt. Marche, prière et méditation des quatorze stations, il est très rare que la pluie empêche ce moment de recueillement. Toujours émue à la VIème station, car c’est à ce geste de sainte Véronique que je dois mon prénom.
A 15h, nous nous retrouvons dans une belle chapelle toujours pleine. Et quand la paroisse en a décidé ainsi, je m’acquitte avec reconnaissance du service de la lecture de la Passion. Mon émotion est d’autant plus vive à chaque fois que c’est la seule occasion dans l’année, avec le Dimanche de Rameaux, de lire à haute voix en Eglise des pages d’Evangile. J’aime infiniment écouter les prêtres et les diacres nous lire l’Evangile, c’est leur prérogative et c’est très bien ainsi. Mais entrer dans ce dialogue sur cette Parole, en la laissant au prêtre pour tous les mots de Jésus, et pas n’importe quels mots mais les derniers, c’est toujours pour moi une très grande expérience intérieure.
Il y a la longue prière d’intercession qui ouvre notre coeur aux dimensions du monde. La vénération de la Croix, et ce geste humble et reconnaissant devant son Seigneur que pose chacun. Ce jour-là, Jésus, tu es aimé ! Et le réconfort de l’Eucharistie reçue.
J’ai connu dans ma vie d’autres vendredis saints, certains infidèles où je suivais mes amis dans des distractions, d’autres crucifiants où je souffrais tellement que je ne pouvais sortir de chez moi et que j’aurais préféré la mort avec Lui. Alors, que ce soit repentance pour mes absences de dévotion au jour de ta Passion ou souvenir cuisant de ces chemins de croix intérieurs, je te le redis aujourd’hui mon Seigneur et mon Maître, mes Vendredis Saints seront tous pour Toi.
Image : VIème station du Chemin de Croix du Mont Sainte Odile Léon Elchinger
2 commentaires
J’ai bien apprécié votre style narratif et simple mais très profond et significatif surtout dans dans le deuxième paragraphe où vous parlez d’autres vendredis saints.
Merci. Dieu vous bénisse !
Merci à vous, soyez béni pour l’entrée dans la Semaine sainte !