Je crois pouvoir dire que je n’ai jamais vécu aussi intensément l’octave de Pâques que cette année.
Au départ, il y avait un désir de retraite de carême dans l’abbaye cistercienne que j’aime. Une impossibilité de me répondre favorablement, et puis tout de suite après, la proposition de cette semaine-là.
Il y a des entraves qui sont des grâces.
Entendre chaque matin comme tout premier mot : “Alléluia”. Et chanté admirablement.
Dans la petite assemblée des retraitants, recevoir chaque soir après complies, comme nos frères moines, la bénédiction du père Abbé qui fait pleuvoir sur nous, le rameau à la main, l’eau de la Vigile pascale.
Aller s’endormir dans la paix du grand silence.
Fermer les oreilles aux bruits du monde, n’ouvrir les lèvres que pour louer Dieu, murmurer à peine, à table, un merci ou un s’il vous plaît, n’apprendre un prénom ou une ville d’origine qu’en faisant ensemble la vaisselle, économiser les mots au maximum… Même les petits bavardages risqués autour du café de midi semblent de trop. S’ensevelir dans le silence et la prière, goûter des lectures spirituelles, faire Eglise avec quelques-uns qu’on ne reverra sans doute jamais, qui auront été un visage, un sourire, une voix qui psalmodie…
Et puis surtout, se nourrir de leur exemple, à eux. Fidèles à l’office sept fois par jour, calmes et silencieux, généreux en sourires, disparaissant de nos regards pour leur labeur, faisant monter dans le choeur leurs voix chaudes et bien ajustées, nous invitant sans cesse, par leur attitude, au recueillement intérieur.
Avoir le bonheur d’une, de deux entrevues. Confier le plus important de sa vie, se savoir écoutée, comprise, conseillée. Sentir mûrir en soi les décisions pourtant si difficiles à prendre, capter l’éclat lumineux d’un regard pour comprendre d’avance que cela sera porté dans une ardente prière…
Devoir se quitter sans savoir quand on se reverra, mais sans tristesse, dans la plénitude de la confiance en la prière qui relie partout les âmes qui se sont rencontrées en Lui.
Oui, cette semaine, la résurrection du Christ a pris chair dans la ferveur, le silence et la paix du coeur.
2 commentaires
Je suis dans la joie de votre joie chère Véronique..quelle grâce que cette paix et cette joie que nous pouvons prendre le temps d’accueillir, parfois, dans des moments d’exception comme celui que vous avez vécu! Je suis certaine que ces fruits de vie vont déborder et faire du bien à tous ceux qui vous entourent : la résurrection a pris chair en vous, Alléluia!
Merci Claire pour vos mots, il me faut maintenant “redescendre de la montagne” et, oui, espérer que ce temps de grâce porte son fruit !