Je me lève ce matin, heureuse comme un matin de Pâques. J’ouvre les volets : il neige ! Nous n’avons pratiquement pas eu de neige de tout l’hiver, et voilà qu’il tombe de gros flocons sur les arbustes et les arbres en fleurs du jardin !
Qu’importe, j’ai la joie au coeur, depuis la ferveur d’hier soir à la Vigile pascale. Hier soir, la lumière des cierges dans la nuit, l’eau qu’on bénit et notre profession de foi en la résurrection du Christ. Ce matin, le jaune du printemps et le blanc du linceul vide sur la pierre du tombeau.
Je vais à la messe toujours avec la même joie au coeur. Ce matin, pendant la célébration de Pâques, un de mes élèves de 8 ans va être baptisé. Appelons-le Barthélemy.
Une place libre juste derrière sa famille, que je connais bien, des gens très humbles. Je m’assois derrière eux. Barthélemy est présenté à l’assemblée. C’est un enfant timide, il est un peu impressionné, quand le prêtre lui fait signe de retourner s’asseoir, il est troublé, il vient s’asseoir à côté de moi ! Sa maman n’est pas là. Séparation difficile. Son père, juste devant moi, se retourne, sourit et lui dit : “Viens à côté de moi, tu n’es pas à l’école ici !”
Qu’importe, cela m’a fait chaud au coeur d’être un court instant celle à côté de qui Barthélemy a eu envie de s’asseoir pendant la célébration de son baptême. Il est beau aujourd’hui, tout habillé de blanc.
J’entre dans le profond recueillement de la célébration pascale, la fête liturgique que j’aime entre toutes, celle qui justifie toute ma foi.
“Si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine et vaine aussi notre foi ”
(1 Co 15, 14)
Aujourd’hui, je présente au Seigneur mes intentions de prière les plus ferventes, et je les joins à la grâce du baptême que reçoit mon petit Barthélemy.
Rentrée chez moi, je songe à cette neige de Pâques si surprenante, et je relis un épisode fondamental de ma vie, que ma mère m’a raconté bien souvent, me faisant comprendre que cela avait été une des plus grandes épreuves de sa vie de maman.
Je suis née en janvier, un jour de forte neige. Pâques tombe fin mars cette année-là. J’ai deux mois et demi. Mes trois soeurs ont attrapé la coqueluche. Le médecin passe voir toute cette fratrie malade, et il ne sait pas quoi faire de moi. Je suis trop jeune pour être vaccinée. Mais si j’attrape à mon tour la coqueluche, je peux en mourir. Il décide de me faire le vaccin.
Je contracte une broncho-pneumonie. Je tousse à en perdre le souffle. Mon père est en poste de nuit. Nous n’avons pas le téléphone à cette époque. Le médecin m’a vue dans la journée, mais il a fait le choix de me laisser à la maison. C’est la nuit de Pâques. Ma mère est seule avec son angoisse, ses petites filles malades et ce nourrisson qui tousse sans répit. Elle me porte toute la nuit. Souvent, très souvent, elle m’a raconté cet épisode, mais sans me dire qu’elle avait prié toute la nuit. Mais moi, connaissant sa foi entière et confiante, je sais bien qu’elle l’a fait, et connaissant aussi son attachement à Marie, je sais que c’est la mère de Jésus qu’elle a priée. Elle a prié pour qu’on ne lui reprenne pas ce quatrième enfant qui lui avait pourtant causé tant d’angoisse de ne pas y arriver et tant de fatigue.
Le médecin revient nous voir le lendemain ou deux jours après. Il est presque étonné que je sois encore en vie. Il dit à ma mère qu’à l’hôpital, je n’aurais pas survécu. On ne m’aurait pas portée toute la nuit. Et ma foi me dit : on n’aurait pas prié pour que je vive.
Neige de Pâques.
Tombeau vide et linceul blanc resté sur la pierre.
Christ est ressuscité !
Merci mon Dieu pour l’accomplissement des Ecritures, merci Marie pour ta foi qui n’a pas chancelé, merci maman qui m’as donné la vie deux fois, un jour de forte neige et une nuit de Pâques…
5 commentaires
je crois en dieu beaucoup je l’adore merci véro
Merci pour ce très beau texte! J’ai beaucoup de peine en ce moment ma ça c’est vraiment bien. J’ai adoré, tout comme le visage du Christ. Merci encore pour ce moment qui m’a fait réaliser qu’encore hier dans le ciel je voyais Dieu. Et qu’il y sera encore demain.
Je pense très fort à toi Michel en ce moment, tiens bon, ce sont des moments difficiles, mais tu n’es pas seul !
C’est très beau, et ta photo, et les moments touchants que tu racontes.
Oui il est VIVANT!
Merci à toi Véro…le visage du Christ, Sa Sainte face, est inscrit en toi!