Quinze sourires et un couple d’instituteurs émus. C’était samedi soir. Depuis un an, la rencontre se préparait. Pas facile pour notre dévouée organisatrice de localiser tout le monde. Mais plus de la moitié des personnes concernées ont répondu présentes.
Tout part d’une photo de classe sur laquelle nous avons sept ou huit ans. Et le sourire de notre maîtresse bien-aimée.
Samedi soir, les yeux pétillent. On se retrouve devant l’église du village natal, à la recherche dans le visage de l’autre des traits de l’enfant que nous avons connu. Petit instant de doute et d’émerveillement quand on se reconnaît enfin. Les rires fusent, et les souvenirs remontent immédiatement. Les confidences et les rigolades sur le chemin de l’école, les anecdotes dont tout le monde se souvient et celles qu’il faut rappeler à la mémoire de l’autre. On a beau avoir tous cinquante ans cette année, l’enfance est là, nichée au creux des souvenirs, fondatrice pour toute la vie. Et nous voilà couvés du regard, comme alors, par nos deux instituteurs, un couple qui nous a tout appris, deux ans l’une puis deux ans l’autre. On se raconte les métiers, les enfants. A nous tous nous en avons cinquante ! Les photos circulent sur les portables et les tablettes. Quelques-uns sont déjà grands-parents. Au fil de la soirée viendront, en tête à tête plutôt, les confidences des joies et des peines. On mesure le poids de la vie, les sourires radieux côtoient les coeurs lourds… Le maître d’école joue les patriarches, non sans être bousculé par les garçons revanchards qui ont quelques souvenirs cuisants de leur passage chez lui. Mais tout se fond dans un grand rire. Il reconnaît que parfois, il y allait un peu fort. Nous les filles, nous étions un peu privilégiées, et on se charrie sur les vieilles rancunes.
Hommage appuyé à notre maîtresse si gentille, si pédagogue, si patiente. Elle accueille tous ces compliments avec humilité.
Les heures passent et nous sommes bien. Le repas partagé scelle ces années si précieuses que nous avons passées ensemble. Je suis particulièrement émue de retrouver une camarade qui vivait dans des conditions très précaires. Elle est venue malgré la douleur de ses souvenirs d’alors. Elle a sept enfants et des petits-enfants à raconter. Je la reconnais bien, généreuse et combative, malgré une vie bien difficile.
L’heure est venue de retourner chacun à sa vie d’adulte. Echange de coordonnées, promesse de s’envoyer des photos, et pourquoi pas, d’un autre rendez-vous.
Il faisait bon, samedi soir, à la table des retrouvailles…
8 commentaires
Non, ce n’est pas un doublon !
Moi, ancienne instit-directrice, au soir d’une longue vie,
j’apprécie particulièrement ces retrouvailles si justement décrites.
Merci Marie-Andrée ! 😉
super bien écrit comme d habitude, merci Véro de m avoir fait vivre quelques instants de cette rencontre
bises
Merci Muriel pour ce gentil commentaire, c’est bien dommage que tu n’aies pas été avec nous !
Moi, ancienne instit-directrice, au soir d’une longue vie, j’apprécie particulièrement ces retrouvailles si justement décrites.
Très émue de ces retrouvailles si justement décrites.
Moi, ancienne instit-directrice, au soir d’une longue vie, j’apprécie particulièrement !
c’est tellement juste et bien écrit.
tu n’as pas perdu ta plume, je te reconnais bien là, ma Véro.
je n’ai pas partagé tous ces merveilleux moments dont tu fais allusion puisque je suis arrivée tardivement à *, mais j’avoue que j’y ai passé 6 mois exceptionnels dont je me souviens avec joie.
j’espère que nous aurons l’occasion de nous retrouver.
merci
C’était comme ça … exactement ….
Merci !