C’est un samedi après-midi qui s’échappe de l’ordinaire de mes semaines. Les courses et le ménage sont déjà faits. Le soleil, radieux, appelle à aller contempler les beautés de l’automne. Ma grande fille chérie est là, quelques minutes en voiture et nous nous enfonçons dans le vignes dorées. Elle connaît le chemin où elle veut m’emmener.
A peine sorties de la voiture, je te vois. Tu es là. Un calvaire sur lequel tu n’as même plus l’air de souffrir tant le bleu du ciel l’illumine. Un banc de pierre, juste à côté. On est venues pour marcher, alors je ne vais pas m’y asseoir. Mais l’image n’est pas seulement fixée dans mon appareil photo. Je la garde à chacun de mes pas.
Un moment avec elle. Ce n’est pas si souvent, alors c’est précieux. Nos yeux caressent les stries jaunes et rousses des vignes qui ont donné leur fruit généreux. Douceur des collines et des villages lovés entre les parcelles en damier. Quiétude des clochers qui sommeillent en attendant de résonner de leur joie dominicale. Soleil d’octobre qui s’attarde sur sa longue chevelure blonde. Instants délicieux d’échanges et de complicité. Elle patiente à chacune de mes photos. Si elle marchait à son rythme, je l’aurais déjà perdue de vue ! C’est doux comme une promenade d’enfance, quand c’était moi qui devais attendre ses petits pas mal assurés.
J’ai gardé à l’esprit l’image du banc posé près de Toi. La course folle s’arrête. Demain, je ne serai pas stressée à cause des fiches à corriger et des leçons à retoucher. Lundi, je ne plongerai pas en apnée dans le marathon de la semaine, je n’aurai pas pour attribut permanent mon classeur tellement lourd de séances que les feuilles s’échappaient des anneaux ces derniers jours. Lundi, je pourrai faire silence, m’asseoir en pensée sur ce banc de pierre, méditer à l’ombre – que dis-je, à la lumière – de ta croix glorieuse.
Retourner en moi-même le temps d’une retraite intérieure volée à la course des jours, faire le point pour être sincère dans le moment précieux que sera la rencontre avec un Père. Vivre le silence, enfin, après tous ces mots à donner et à écouter. Oublier les cris dans la cour de récré, ne plus demander qu’au chat de se taire un peu.
Mettre tout mon être au repos. Et m’offrir un moment avec Toi.
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Belle et simple oraison partagée, merci Véronique, pour cette photo pure et ce moment de douceur et de spiritualité bienvenues dans ce monde de grande vitesse.
Bienvenue à vous sur ce blog, et merci ! 🙂