Au coin du cœur, au remords des souvenirs, une faute ancienne, une épine dans ma conscience, un pardon jamais sollicité. J’ai souvent pensé à elle. Très souvent. Même sans l’avoir jamais rencontrée.
Le regret revenait, lancinant, malgré toutes les années. Un jour, il faudrait que je lui demande pardon. Que je le fasse vraiment. Ce serait incongru. Ce serait accueilli de je ne savais quelle manière. Mais c’était à moi de le faire. Pour moi, pour elle, et pour m’avancer libre vers l’autel.
Une impulsion.
“Aujourd’hui, je lui écris.”
L’annuaire me donne une adresse, j’espère que c’est la bonne.
La lettre reste au moins deux semaines dans mon ordinateur.
“Aujourd’hui, je l’imprime et je l’envoie, et advienne que pourra.”
Il se passe encore presque deux semaines.
Et puis voilà. Ses mots. Une écriture régulière et belle, qui reflète une âme délicate. Sa franchise en retour de la mienne. Elle n’emploie pas le mot pardon, mais me dit avec limpidité qu’elle ne ressent aucune animosité à mon égard. La douceur de sa lettre me met au cœur un baume immédiat. Elle n’emploie pas le mot pardon, mais chaque ligne le distille. C’est toute une culpabilité qui se dissout dans le bleu de son écriture.
Alors oui, maintenant je sais.
Il en coûte de demander pardon.
Mais quelle liberté quand il est donné !
3 commentaires
Oui, avec le Seigneur, c’est toujours le bon moment, et essayer de réparer est important..Quand cela n’est pas possible, nous pouvons toujours confier à Dieu ceux que nous avons offensés et demander pour eux des grâces..Quand au positionnement dans les demandes de pardon, plus relationnel que centré sur notre cupabilité, même si elle doit s’exprimer et est le point de départ de notre démarche, c’est important aussi il me semble..Merci beaucoup Véronique de nous faire creuser le pardon!
Un questionnement qui me semble très juste Claire, merci. Oui, je pense qu’il y a un moment pour demander pardon, et un moment où c’est peut-être trop tôt pour l’autre encore plus que pour soi…
Et avec le Seigneur ?
Avec lui je pense que c’est toujours le bon moment ! Mais nous devons rester attentifs à ne pas nous sentir absous au détriment d’une personne auprès de laquelle nous n’avons pas fait la démarche de réparer un tant soit peu l’offense… C’est bien délicat, en définitive.
C’est beau..il faut parfois prier et discerner avant une demande de pardon pour que cela ne soit pas déposer notre cupabilité comme un fardeau encombrant, mais que l’autre se sente vraiment regardé..Parfois, ce n’est pas possible..les personnes sont perdues de vue..ou pas le moment, risquant de faire émerger des souvenirs douloureux pour elles..Parfois, cela serait peut être le moment, mais nous sommes freinés comme vous Véronique pendant ces 15 jours d’hésitation. Peut être que c’est pareil dans notre relation à notre Seigneur, dans l’oraison et le sacrement de réconciliation dont je suis fan…Gardons nous les yeux fixés sur Lui, qui est toujours là, les bras ouverts, ou sommes nous centrés sur notre cupabilité et nos blessures? Est ce que le souci est celui d’une relation plus belle, plus vivante, ou venons nous consommer gratuitement une cure de jouvence spirituelle et psychologique? Maintenant, je me pose la question à chaque fois que je reçois ce beau sacrement de Vie..