La peinture de la salle était orangée. Il y avait un doux va-et-vient autour de moi. J’étais à la peine depuis plusieurs heures, mais il y avait heureusement les minutes de répit. L’homme que j’aimais était là, près de moi, nous étions unis comme jamais en cet instant.
Vers minuit, il y eut une exclamation : “Il neige !” Oui, il neigeait, à gros flocons, pour la première fois de la saison. Une neige insistante, ininterrompue, qui continua à tomber toute la nuit. Il y aurait, au matin, dans les couloirs, des commentaires sans fin sur cette neige mémorable et j’attendrais longtemps dans l’après-midi les visites espérées…
Mais pour l’heure je vivais les plus beaux instants de mon existence. On allait déposer contre ma peau un petit poupon tout chaud qui ne pleurerait même pas. Le bonheur absolu avant la question un brin inquiète : “Mais il ne pleure pas ?” On allait me le reprendre un court instant, le temps qu’il pousse un tout petit gémissement.
Et puis ensuite, oublier la peine, la neige, les longues heures, et savourer à trois ces moments de bonheur et d’amour inouïs. Nous avions vécu des mois à l’attendre dans une tendre complicité, il était déjà communicatif, il ne nous avait manqué que son visage, sa petite voix, sa faim, son pouce dans sa bouche, son abandon tout confiant…
Il était là, enfin, et mon cœur débordait d’amour pour lui. Je devenais maman. Je découvrais que jamais plus désormais ma vie ne ferait abstraction de la sienne, de la leur. Je comprenais que sa joie ferait ma joie, que ses chagrins causeraient le mien. Et que pour toujours, il ferait ma fierté.
Joyeux anniversaire, mon fils !