Je viens de lire les méditations du pape François hier au sujet de la famille, et notamment de la famille nombreuse. Un sujet qui me laisse toujours songeuse.
Issue d’une famille de quatre enfants et en ayant moi-même trois, je ne connais pas la vie dans une famille très nombreuse – je pense que c’est celles-là qui ont été mises à l’honneur hier au Vatican.
Vivre dans une famille de trois ou quatre enfants me semble déjà une belle richesse. On n’a pas toujours affaire au même frère ou à la même sœur, les affinités se dessinent et se modifient parfois avec l’âge, les jeux sont plus variés et les discussions vont bon train. C’est une véritable école de la vie, qui ouvre aux relations extérieures avec amis puis collègues. Les parents prenant de l’âge, on n’est pas confronté seul à leurs soucis de santé.
Les très grandes familles relèvent d’un choix de vie plus audacieux. Curieusement, en France, on les trouve un peu aux deux extrêmes sociaux.
Il est évident que la société actuelle n’est pas adaptée aux grandes familles : logements, véhicules, lieux de villégiature… A moins d’avoir de très bons moyens financiers, on aura du mal à satisfaire les besoins légitimes de ses nombreux enfants.
L’Eglise catholique a toujours mis à l’honneur la famille très nombreuse. C’est celle qui donne le visage d’une observance stricte de ses lois internes.
Mais je me permets une question : dans la famille très nombreuse, qui se sacrifie le plus ?
Qui endure de multiples grossesses et accouchements qui ne sont pas forcément sans complications et désagréments de tous ordres ? Qui se lève la nuit pendant des mois pour allaiter et soigner, mois ramenés à des années selon le nombre d’enfants ? Qui a sans doute fait des études, et sacrifie ses compétences professionnelles pour une succession de lessives, courses, repas de grandes tablées à préparer, innombrables paperasses à remplir, devoirs à surveiller ?
La famille nombreuse tient quand la mère tient.
Toutes les femmes catholiques sont-elles pour autant capables d’embrasser la carrière de femme au foyer, avec toutes les tâches ingrates qu’elle comporte ?
Il y a, dans l’exaltation de la famille nombreuse, quelques relents de volonté de ramener à tout prix les femmes à leur foyer.
Et là, j’ai quant à moi toujours un petit mouvement de réserve…
http://www.news.va/fr/news/le-pape-francois-se-rejouit-mais-sinquiete-aussi-p
2 commentaires
Être parent d’une famille très nombreuse me semble effectivement une vocation particulière dans la vocation de parents, en particulier pour les mères..Pour certains parents, un ou deux enfants c’est déjà trop lourd..Ce projet se mûrit en couple, enfant après enfant..Plus personne ne juge les familles de 1, 2 ou 3 enfants, mais les familles très nombreuses déclenchent parfois une véritable agressivité, une grande incompréhension, voire désapprobation, même quand parents et enfants semblent heureux..C’est difficile d’avoir un regard neuf et bienveillant sur ce qui nous ressemble pas, et sur ce que nous n’avons pas choisi..Les parents qui font le choix de garder ou d’adopter un enfant handicapé, vivant aussi une situation particulière choisie ou acceptée, sont confrontés à ce même conformisme, ce même rejet..cela m’étonne souvent!
Bonjour Véronique,
ah justement ce point avait été soulevé, si mes souvenirs sont bons, dans humanae vitae, où Paul VI parlait de “paternité responsable”, c’est à dire de ne pas avoir plus d’enfants qu’on ne le peut raisonnablement, quelles qu’en soient les raisons (économiques, de santé, de capacité etc…), et il disait, ce qui était totalement révolutionnaire, que la famille nombreuse n’est pas nécessairement le meilleur choix, en fonction des conditions de chaque famille. Autre chose bien sûr serait de ne pas vouloir d’enfants du tout, pour des raisons égoïstes. Mais si la famille chrétienne accepte d’avoir des enfants, elle n’est en revanche pas obligée d’en avoir une douzaine ou le plus grand nombre possible pour accomplir sa vocation. Il faut qu’elle prenne en compte l’équilibre des parents, le bien-être de la famille, bref qu’elle se conforme à ce qu’elle est capable de donner et d’accueillir, sans chercher nécessairement le plus grand nombre comme si la quantité était un idéal en soi… Tout ceci a été enseigné, de manière la plus officielle possible, depuis 1968, mais visiblement le message n’a pas encore été entendu par tous les “hommes et femmes de bonne volonté” 😉