Me promenant l’autre jour par des chemins enneigés, j’avais plaisir à contempler les pas, traces de passage avant le mien, pas d’adultes, pas d’enfants, petites empreintes de chiens batifolant autour de leurs maîtres…
Et en contemplant les clichés, je repensais à tous ceux dans les pas desquels j’ai mis les miens…
Mes grands-parents, honnêtes agriculteurs, au travail tout le jour, ayant survécu à deux guerres mondiales dans les pires conditions et n’ayant pour autant jamais renié leur foi, toujours fidèles à la pratique et constants dans l’éducation chrétienne donnée à leurs enfants, puis soucieux de la nôtre… La vie n’alla pas sans heurts et sans conflits, sans carences affectives se transmettant de génération en génération, sans jugements parfois blessants en raison de leur grande fidélité à l’Eglise qui les privait parfois du sens de la nuance…
Mes parents, héritiers de ces deux familles humbles, honnêtes et travailleuses, ayant pour lot la précarité matérielle mais un grand sens de la dignité et du devoir parental, occupés du matin au soir aux travaux de la basse-cour et des champs en plus du métier de mon père, nous délestant souvent des corvées quotidiennes pour nous laisser nous consacrer à nos études, eux dont l’occupation allemande avait coupé les ailes, les privant définitivement de la chance d’étudier. Jamais un mot contre nos enseignants, jamais d’indulgence pour une remarque négative dans nos bulletins… Ils ne pouvaient guère nous aider à faire nos devoirs, mais nous avions sous les yeux en permanence l’exemple du labeur et l’encouragement à prendre “l’ascenseur social”.
Et puis le foi, toujours, qui poussait à pardonner, à partager, à se retrouver pour les occasions festives, l’exemple d’une pratique religieuse sans faille…
Alors, en mettant mes pas dans les leurs, je suis reconnaissante pour leur vie simple qui a tout donné à leurs enfants et à leur Dieu, et j’avance dans l’espérance que mes pas seront tout aussi sécurisants pour ceux qui viennent après moi…