Je suis comme tout le monde dans notre bien-aimé pays : abasourdie, sous le choc, des images violentes qui se bousculent dans ma tête, du chagrin, de la peur – oui, j’avoue – une immense émotion… J’ai été plus d’une fois offensée dans ma foi par des dessins parus dans “Charlie hebdo”. “Ça dépasse les bornes”, pensais-je. Mais cette ignominie de mercredi, cette anti-humanité… Je descendrai dans la rue dimanche, avec mes enfants, et j’ai demandé à ma fille de 16 ans qui crayonne magnifiquement de faire un dessin pour l’occasion. Une jeune personnalité est en train de mûrir, de poser sa vision de la vie – comme j’aurais aimé que lui soient épargnées ces scènes de guerre !
J’ai mal à l’humanité, et j’ai mal au Dieu auquel je crois si fort. Car finalement, Il est le grand absent de ces débats.
Je crois en un Dieu qui a voulu épouser notre humanité, jusqu’à donner une partie de lui-même dans un tout petit enfant né dans la plus grande pauvreté. Je crois en un Dieu qui a parlé avant cet enfant par des prophètes qui ont tous été persécutés dans leur temps. Contemplons Jérémie qui a enduré avant l’heure toutes les épreuves du témoin de la vérité harcelé en permanence…
Je crois en un Dieu qui écoute nos complaintes humaines montant vers Lui dans les psaumes.
Je crois en un Dieu qui, dans son incarnation, a été haï par les autorités religieuses de son temps et vu comme “l’ennemi public N°1” jusqu’à en être crucifié. Alors que de sa vie, il n’avait jamais eu aucune arme à la main…
Je crois en un Dieu Père qui a sangloté en voyant son Fils sacrifié sur la croix comme l’agneau sans tache, pour que jusqu’à la fin des temps, nous trouvions en lui, qui a tout enduré jusqu’à l’extrême, consolation de nos souffrances et pardon de nos péchés.
Je crois en un Dieu humble qui n’a pas fait de coup de théâtre ce jour funeste-là, mais qui, en toute discrétion, a ressuscité son Fils au matin de Pâques. Pour que les plus humbles parmi les femmes et les hommes qui l’avaient suivi témoignent de cette résurrection jusqu’à aujourd’hui, et jusqu’à ce qu’il revienne.
Je crois en un Dieu qui se tourne avec amour vers ceux qui invoquent son Nom, même s’ils ne le font pas tous par le même chemin.
Un prêtre me disait un jour, quand j’étais dans une foi encore balbutiante : “Dieu peut tout, sauf contraindre l’homme à l’aimer.”
Je sais que c’est dur, surtout en de pareils moments, d’aimer Dieu. Dieu est humble, il frappe discrètement à la porte de notre cœur, il ne demande qu’à nous soutenir dans l’épreuve, à nous accompagner, à nous fortifier.
J’en témoigne parce que je le vis, au quotidien. Parce que je lui ai donné ma vie, sans aucune arme à la main, jamais, sinon ce clavier…