Un apaisement après une semaine d’horreur. Je crois que beaucoup l’ont ressenti ainsi.
Vendredi 9 janvier 2015, nous étions tous plongés dans la stupeur, l’effroi, l’abattement le plus total. Trop d’ignominies en direct, sous nos yeux. Trop de tension. Trop de sang. Lutter quand même pour ne pas se réjouir de la mort de ceux qui avaient volontairement plongé notre pays dans l’affliction.
Besoin de faire corps, de se sentir d’une patrie, horriblement blessée mais capable d’union.
J’avais mes trois enfants avec moi et nous sommes descendus dans la rue. Arrivés un peu en retard, nous avons vu le cortège de loin, puis nous y sommes mêlés. Très long cortège presque silencieux, applaudissant par intermittence devant une affiche ou une salle de rédaction. Cortège cosmopolite, des jeunes jusqu’à ceux qui n’ont plus l’habitude de manifester. Presque tous avec un crayon à la main ou un écriteau en étendard ou sur les vêtements. Cortège bienveillant, calme, retenant son émotion mais vibrant à l’unisson d’une manière difficile à décrire.
Nous arrivons à la place où l’hommage est prévu. Mes enfants se faufilent le long d’un mur pour gravir quelques marches, je reste bloquée à mi-course par la foule dense. Chacun, passant par là, a contourné avec respect une maman allaitant son bébé.
Un discours très bref, des applaudissements aux victimes et aux forces de l’ordre, une Marseillaise chantée avec ferveur. Et puis on reste là un moment, on voudrait ne plus se séparer, la communion est palpable, nous vivons un instant rare, si rare dans notre pays facilement divisé.
Ne pas se quitter. Prendre encore un thé chez l’un en regardant l’incroyable défilé de Paris à la télévision. Tous ces chefs d’état réunis, pour une fois, sans polémique et sans langue de bois. Une image de paix et de fraternité que l’on voudrait garder gravée pour longtemps dans son cœur.
L’heure est venue de se séparer. On rentre chez soi à regret. Mais tout apaisé, réconforté.
J’ai entendu parler aux actualités de “l’esprit du 11 janvier”.
Je n’oublierai jamais. Et pas seulement parce que c’était mon anniversaire…
2 commentaires
J’avais l’impression de lire mes pensées. Votre texte décrit ce 11 janvier avec tant d’émotions qu’on s’y croirait en votre compagnie en ce moment-là.
Acceptez mes vœux, certes, tardifs pour votre anniversaire et mille bonheurs en cette année 2015.
Merci beaucoup Roller, votre commentaire me touche, je vous souhaite aussi de belles choses.