A l’heure où on décline le mot laïcité sur tous les tons, j’ai vu comme un avantage de pouvoir vivre un moment rare avec mes élèves, du moins avec ceux qui ne sont pas dispensés par leurs parents de l’enseignement religieux dans l’horaire scolaire. Selon ma formation d’institutrice en Alsace-Moselle, et si j’en étais volontaire, je pourrais dispenser moi-même cet enseignement, mais je ne le fais cependant pas, par choix de laïcité en classe. Des intervenantes extérieures assurent cette heure hebdomadaire.
Aujourd’hui, elles avaient prévu d’emmener le groupe à l’église du village pour une explication des symboles de la crèche par le prêtre. Mes élèves dispensés étant gardés par une collègue, j’ai accompagné cette sortie. Je suis restée plutôt discrètement un rang derrière eux, mais je me suis régalée de les voir en dialogue avec notre curé, donnant des réponses pertinentes et souvent amusantes à ses questions, lui faisant part de leur petite culture religieuse qui m’a tout de même impressionnée, car peu de ces enfants vont à la messe régulièrement. C’était touchant pour moi de les voir dans cet autre contexte, qui est aussi le mien. Réconfortant de ne pas être contrainte, pour une fois, à ce scrupule de laïcité qui nous empêche de témoigner de l’Evangile au quotidien. Certes, témoigner de sa foi, c’est avant tout la vivre en actes, mais j’apprécie aussi de pouvoir montrer que je ne suis pas allergique à l’Eglise comme le sont nombre d’enseignants de l’école publique. Il y a là un très subtil équilibre à trouver entre la neutralité et le contre-témoignage, et j’avoue que je suis heureuse de vivre en région concordataire où l’on ne me mettra pas au bûcher pour oser exprimer pareille expérience impossible ailleurs…
3 commentaires
Oui, c’est super que vous puissiez faire ces sorties, et dans votre cas, c’est dans le cadre de l’enseignement religieux..Je suis souvent étonnée, effectivement Jean-Marie, que quand ils abordent le moyen âge et les religions, en primaire, les enfants ont dans leur livre la description complète d’une mosquée alors que beaucoup d’entre eux ne savent pas ce qu’est un autel, un ambon, un tabernacle.Je pense que les éditeurs pensent que la connaissance de l’église (bâtiment) est un pré-requis…ou alors, c’est un parti-pris…Beaucoup d’enfants ne sont jamais rentrés dans une église avec leur famille pourtant, malgré leurs ouvertures fréquentes en journée..A très bientôt, Claire
Oui Claire, je comprends tout à fait… Chez moi c’est particulier, je n’ai que deux élèves dispensés de religion chrétienne, et ils ne sont pas musulmans. Bien sûr que dans le cas contraire, je ne me permettrais pas ce genre de sortie. Et là j’accompagnais juste ma classe, je n’avais pas initié le projet.
Dans l’enseignement public, la laïcité peut conduire à des situations embarrassantes pour les parents accompagnateurs et les enseignants..Une de mes filles avait en CP une enseignante qui a fait un travail sur la fabrication des vitraux, dans le cadre de la découverte du temps des cathédrales..Elle emmène sa classe à Notre Dame de Paris et la Sainte Chapelle…et alors là, les débats spontanés entre petits de 6 ou 7 ans commencent..Du style: C’est qui celui là sur son bout de bois? -Pourquoi sur le vitrail il vole dans le ciel? -Parce que c’est Jésus, il est mort et ressucité- Tu dis n’importe quoi…quand on est mort on est mort..- Si, c’est vrai, il est ressucité – Un 3 eme enfant : Ça veut dire quoi ressucité, maîtresse?…Enfin, Véronique, vous imaginez la scène, avec des petits musulmans parmi les enfants..C’était il y a 4 ans, cette maîtresse ne ferait plus je crois cette sortie pédagogique aujourd’hui, j’en suis certaine! bonne fin de journée, Claire