Il est là, à l’entrée des églises, pour nous accueillir. Il arrive qu’il soit, en certains lieux, à sec. Tristesse. Quelque chose manque indéniablement au moment de se signer. Il m’est arrivé aussi de pénétrer dans une église sans savoir qu’elle était protestante et de le chercher désespérément. J’aime infiniment le geste de tremper le bout des doigts dans l’eau bénite et de me marquer du signe de la croix quand j’entre dans la maison du Seigneur. Au point que cela m’occasionne quelque contrariété quand on arrive juste avant moi et que l’on me touche furtivement la main à peine humide en signe de fraternité. C’est un beau geste, mais j’aime encore davantage sentir la fraîcheur de l’eau sur les doigts plongés dans le bénitier et en faire couler une goutte sur mon front. Et puis tiens, je l’avoue : quand il n’y a personne pour me voir, je m’humecte même la nuque pour qu’elle ne reste pas trop raide et que la grâce de cette eau me couvre plus complètement.
Le bénitier, c’est la joie de pénétrer dans l’odeur des églises, c’est la lumière qui joue dans les vitraux, c’est la musique de l’orgue les dimanches, c’est le rendez-vous heureux avec la liturgie et les sacrements, c’est la pause bénie dans mes jours denses et le commencement d’un temps de grâce que les bruits du dehors ne peuvent plus troubler. Le bénitier, c’est le début de la prière, c’est l’aube du temps de la foi, comme le fut le ruissellement divin sur notre front au jour de notre baptême…