« Il est nécessaire que la voix de la femme ait un poids réel, une autorité reconnue dans la société et dans l’Eglise ». Rappelant que Jésus avait mieux considéré la femme que nous le faisons, le Pape François a regretté que nous n’ayons pas compris ce que le génie féminin, qui « sait voir des choses avec un autre regard qui complète la pensée des hommes », pouvait nous donner à nous et à la société.
C’est un extrait de l’homélie du Pape François ce matin :
http://www.news.va/fr/news/que-la-voix-de-la-femme-ait-un-poids-reel-dans-la
Ah ! Enfin des paroles du Vatican qui nous ouvrent une petite porte, à nous les femmes !
Si le Pape François situe ses propos dans une catéchèse sur le mariage, je voudrais en dire quelques mots quant à l’Eglise et à la foi.
Depuis bien longtemps, je médite sur le fait que nous soyons confrontées, en Eglise, à des doctrines qui ont été élaborées uniquement par des hommes. Depuis les disciples et les Pères de l’Eglise, tous les énoncés de foi et tous les articles du droit canon ont été pensés et rédigés par des hommes. On me rétorquera qu’ils sont le fruit de l’Esprit Saint. Mais peut-être, justement, comme le souligne le Pape François, y a-t-il une manière féminine de recevoir et de comprendre l’Esprit Saint qui diffère de la manière dont les hommes, en l’occurrence les hommes d’Eglise, le traduisent.
Souvent, en lisant des homélies ou des méditations conçues par des hommes d’Eglise – ce que j’aime infiniment faire – je me dis ici ou là : voilà un raisonnement bien masculin.
Il y a par exemple cette idée que le péché soit universel et indifférencié entre l’homme et la femme. Quand on ne laisse pas entendre que la femme y serait naturellement plus encline. Ou bien, comme le fit déjà Adam, que quand l’homme pèche, c’est un peu quand même de la faute de la femme. Pareille idée n’a pu germer que dans des esprits masculins. Et comme nous, femmes, sommes facilement portées à la culpabilisation, nous avons intégré cette notion dans la sphère religieuse depuis la nuit des temps.
Il y a ainsi des petites choses qui m’irritent : parle-t-on de pardon des péchés, de confession, la plupart du temps on illustre l’article par une femme pardonnée par Jésus ou se confessant.
Parle-t-on d’adultère, on va ressortir une illustration de la femme adultère de l’Evangile – oubliant que l’adultère est bien plus et universellement pratiqué par les hommes que par les femmes.
Veut-on évoquer les pires des péchés, on va parler d’avortement. Le viol n’est pratiquement jamais évoqué comme un péché gravissime quand il ne s’agit pas de pédophilie. Et pourtant, il l’est.
La théologie nous présente égaux en matière d’orgueil. Je ne le crois pas. Je suis même sûre qu’un homme a bien plus de crainte de “perdre la face” qu’une femme, habituée depuis toute petite à être humiliée dans les mille et une petites choses de la vie courante.
Nous ne sommes pas égaux non plus dans la médisance : pour le coup, je pense que la gent féminine excelle souvent dans cet art.
Quant aux très grands crimes de l’humanité, déclarations de guerre, dictatures, génocides, initiatives de terrorisme, qu’on y regarde de près, et on n’aura pas besoin de faire de “théorie du genre”.
Je crois justement que nous sommes foncièrement différents. Que la transgression des interdits vient moins naturellement à la fille qu’au garçon.
Et que si nous sommes tous confrontés à la perte de la foi, c’est bien davantage, pour une femme, parce que le langage ecclésial la stigmatise depuis toujours que par dégoût de Dieu tel qu’Il est. Le Christ nous attire à lui, tandis que se configurer à lui pour un homme, selon les valeurs des Béatitudes, c’est bien, bien difficile… Ceux qui y parviennent sont des moteurs pour tous, et combien suis-je reconnaissante à tant d’hommes d’Eglise qui me réjouissent l’âme et le cœur. Tandis que moins un homme ressemble au Christ, plus il est enclin à pécher…
Image : Adam et Eve Rubens