C’est mon fourre-tout et ma mauvaise conscience. Le symptôme évident de ma difficulté à jeter. La porte devant laquelle je m’arrête quand je fais du rangement et du ménage. Alors bien sûr, au fil des mois, des années… En hiver il fait trop froid pour la ranger. Quand il fait beau le soleil m’appelle dehors. Et dans la course des jours travaillés, je ne trouve pas le temps.
Une pause.
Une motivation.
“Je vais ranger la cave.”
Le pas-envie juste avant. Et puis je m’y suis mise presque sans m’en rendre compte.
Dans ma difficulté à jeter, il y a, comme le disait un film “le souvenir des belles choses”. Les jeux des enfants. Leurs pochettes de dessins de maternelle. Leurs bricolages objectivement pas toujours esthétiques, mais chargés d’affectivité. Il y a de ces choses que décidément non, je ne peux pas jeter. Alors je les range dans les petits recoins. Je me prends à m’imaginer grand-mère, et à passer des moments délicieux à déballer avec mes petits-enfants “le souvenir des belles choses”.
Il y a aussi un tas de choses inutiles. Des cartons vides. Des pièces d’appareils qui ne servent plus depuis longtemps. Des meubles disloqués. Des pieds de lampes cassées. Des morceaux énigmatiques d’on ne peut savoir quel engin.
J’ai un peu de mal avec la cave depuis que je suis solo. C’était lui qui la rangeait, et qui allait à la déchetterie. Et fichue déchetterie, elle nous est interdite depuis une guerre de clochers, on n’a plus qu’une benne au village le mercredi matin. Et je travaille le mercredi matin. Et…
Cette semaine je n’ai plus d’excuse.
Alors j’ai fait des tas pour remplir la voiture mercredi matin, des tas de vieilles choses ni belles, ni utiles. Le bazar, pour le moment, s’est seulement déplacé. Mais mercredi, promis, j’aurai fait place nette, et je ne rentrerai plus à la maison en traversant ma mauvaise conscience…