Plusieurs années, le grand jardin a été nu. Après une construction, il faut du temps, et un peu de budget, pour planter des arbres et des haies. L’événement déclencheur fut l’arrivée d’une petite sœur un automne. L’année suivante serait celle de ses premiers pas. C’est à ce moment-là que nous avons fait planter des haies, pour qu’elle ne soit pas tentée par la route, et quelques arbres choisis avec soin. En seize ans, ils ont bien grandi, et donnent du fruit, certaines années en abondance !
Il y eut aussi un épicéa et un sapin apportés tout petits par un oncle des enfants. Les deux aînés choisirent chacun le sien. Il manqua donc un troisième conifère, pour la petite sœur, et je lui choisis un cèdre.
Ironie de la nature, le sapin et l’épicéa ont végété longtemps, commençant à se déployer il y a quelques années à peine. Les aînés s’irritaient un peu de cette lenteur, mademoiselle propriétaire du sapin le tailla avec amour et il repartit sur de meilleures bases.
Le cèdre, quant à lui, a fait l’arrogant. Petite sœur avait décidé de dépasser tous les autres. Et si elle est devenue une grande jeune fille, son cèdre domine majestueusement cette partie du jardin. “Comme il a poussé, s’exclama mon père l’autre jour, je ne l’aurais pas reconnu !” Tandis que les jeunes gens qui n’avaient pas revu leur cousine depuis quelques années disaient la même chose d’elle…
Je les aime, mes trois conifères, je les contourne précautionneusement quand je passe la tondeuse. Je me réjouis de voir s’y poser les oiseaux du ciel. Les enfants vont et viennent, leurs trois arbres sont là. Indéracinable présence…