Ma petite Marie,
Je te souhaite une bonne fête, car sinon, une fois de plus, personne ne songera à le faire.
On fait mémoire de ta sœur Marthe, comme chaque année à cette date, éventuellement de ton frère Lazare, mais je sais d’avance que tu seras la grande oubliée. D’ailleurs certains sites de liturgie en ligne ne te mentionnent même pas aujourd’hui. Et j’en éprouve du chagrin car je t’aime, car tu me bouleverses dans ma foi, comme tu as su toucher le cœur de ton Seigneur en son temps.
Je sais bien, moi, que le 22 juillet, ce n’est pas de toi que l’on fait mémoire, mais d’une autre grande amie de Jésus, Marie originaire de Magdala.
Toi, petite Marie, toute cachée à Béthanie, vivant toujours dans l’ombre de la forte personnalité de ta sœur Marthe, l’Eglise a préféré t’oublier là, et combien de légendes n’a-t-elle pas laissé s’installer complaisamment au sujet de ta supposée vie dissolue avant ta rencontre avec le Seigneur Jésus !
Je ne crois en rien à ces légendes. Je te contemple buvant les paroles du Maître, ayant compris déjà qu’il serait là pour peu de temps, et qu’il était urgent de se mettre à son école plutôt que de lui préparer un festin terrestre compliqué.
Je compatis à ton cœur brisé à la mort de ton frère Lazare, et à ton chagrin qui te retient à la maison plutôt que de t’élancer vers ton Seigneur pour lui adresser d’abord un reproche. J’observe ta promptitude à quitter cette réserve lorsqu’il t’appelle vers lui, alors tu te lèves et tu cours vers Jésus sans plus faire attention à tes compagnons de deuil. Et je vois se troubler le cœur du Fils de Dieu quand il voit ton beau visage noyé de larmes ; vraiment, il ne peut laisser Lazare au tombeau, et il va le ramener à la vie pour ta sœur et pour toi, et pour se manifester comme la Résurrection et la Vie une première fois.
Petite Marie, je te souhaite une bonne fête, car tu m’accompagnes dans ma foi chaque jour de ma vie ; depuis ma plus tendre enfance, ton évocation m’a toujours touchée. J’ai mis du temps à comprendre que tu dérangeais un peu l’Eglise, qu’elle te préférait Marthe affairée à son service, qu’elle avait bien du mal à t’imaginer pure et innocente car elle redoutait la concurrence avec la mère de ton Sauveur. Quoi, une jeune fille, une femme, tournée tout naturellement vers la parole de Dieu sans avoir eu à se convertir de grands péchés ?
Petite Marie, si je devais être la seule à te souhaiter une bonne fête aujourd’hui, je le ferais quand même, car vraiment “tu as choisi la meilleure part, et elle ne te sera pas enlevée.”
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Merci pour cette évocation