Je les aime bien.
J’en ai plusieurs.
Je les rencontre dans cette église, ou dans cette autre, à la faveur des messes de semaine. Qui irait, si elles n’étaient pas là ?
Je me motive en pensant que je vais les retrouver, elles me feront bon accueil, celles-ci contentes que je les entraîne un peu dans les chants, celles-là me laissant le soin de la lecture.
“Vous avez le livre ? Nous sommes le 13.”
Celle qui est un peu plus jeune réplique qu’une institutrice connaît la date, enfin, s’excuse-t-elle, c’est les vacances…
Je les aime bien.
Le curé n’est pas encore là, alors elles papotent un peu. Puis une porte de voiture claque. “C’est lui !” Elle se taisent toutes en chœur et restent sages comme des images, guettant son indispensable arrivée. Il sera le seul homme de l’assemblée.
Arrive E., ressuscitée plusieurs fois de chutes et d’AVC, elle trottine d’un pas décidé derrière son déambulateur. Son sourire presque centenaire et sa poignée de main amicale seront la récompense de la soirée. Avec le pain et le vin, car aujourd’hui on communie au Corps et au Sang du Christ.
Rendre grâce pour la vie donnée, reçue, transmise, pour la foi vivante, pour le sentiment d’être jeune dans cette assemblée aux boucles grises. Se faire la promesse intérieure que tant que le corps pourra, et qu’il y aura un prêtre, la messe de semaine ne sera pas dite dans une église vide. Se faire le serment que la foi sera transmise à la prochaine génération. Goûter l’instant, simplement, avec celles qui ont cru, et qui ne trouvent pas vain d’offrir leur humble présence à l’éternellement jeune Ressuscité.