Les paroles de l’évangile résonnent aujourd’hui presque avec inconvenance.
Jésus dit à Simon :
« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. (Luc 5, 10-11)
Ironie de la liturgie.
“ce sont des hommes que tu prendras”
Lui, il a pris un enfant. Là, sur une belle plage que j’ai admirée un jour. Une plage de l’insouciance, une plage de l’amusement, une plage de la récompense de ceux qui ont attendu ça toute l’année.
Il ne l’a pas vue, cette plage, ce petit enfant. Il y était indésirable, il était fait pour y mourir et pas pour y bâtir des châteaux de sable.
J’ai vu, comme tout le monde, et j’ai eu honte, comme tout le monde. Mon cœur s’est serré, et mes entrailles de mère ont eu mal.
J’étais bien au chaud, bien au sec.
Prête à préparer ma classe pour des enfants qui maîtrisent tous très bien le français et dont aucun n’est né loin d’ici.
J’ai encore eu honte.
Je me suis demandé qu’est-ce qui, dans tout ça, n’allait pas, de la part de la multitude et de ma part aussi.
Je me suis demandé qu’est-ce que je devrais accepter comme changements dans mon agréable vie pour que cette image-là n’existe plus jamais.
Je n’ai pas trouvé de réponse.
Je me suis sentie si impuissante que je n’ai pensé qu’à une autre photo, avec l’envie de la lui donner au moins, à lui, à ce petit.
Un repos fleuri près de la mer, au soleil, au réconfort. Une espérance de justice retrouvée.
3 septembre 2015, à la mémoire du petit Aylan
1 commentaire
Merci pour cette photo là.
Impuissance… et découragement….