Entre l’actualité lourde et mes petites peines domestiques, ma prière est un peu sèche en ce moment. Cherchant à me recueillir en début d’après-midi, je n’ai reçu à l’esprit qu’une petite allégorie.
Depuis quelques jours, on me signale mon chat perdu ici ou là. Le temps que j’arrive au lieu désigné, il a disparu. La description lui correspond et n’est pas en contradiction avec son caractère aventurier et indépendant. J’ai retrouvé l’espoir qu’il soit en vie. Je l’attends résolument. Mais je préfère le savoir libre et heureux – peut-être – qu’enfermé et contraint. Je lui accorde le bénéfice des jours encore beaux et des tas de bois grouillants de mulots, des bottes de paille à escalader et des écuelles pleines de lait frais posées par un agriculteur bienveillant.
Me revenait en mémoire mon errance de longues années loin de Dieu. Un jour, j’avais quitté sa main paternelle, j’avais délaissé la maison de lumière et de chants qui avaient bercé mon enfance et construit mon adolescence dans une foi ardente. Je m’étais sentie enivrée de liberté, conquérante face aux grands espaces, tout le champ des possibles s’était ouvert à moi.
Cela n’allait pas sans une perte de sécurité, et bien souvent j’ai eu faim de mes certitudes et de mes valeurs chrétiennes. Mais une porte s’était ouverte, et j’avais pris le large. J’y mettais un peu de fierté, je voulais être grande, adulte, être ma propre référence, au risque d’en glaner de moins bonnes que celles qui avaient construit ma personnalité.
Cela a duré longtemps, je savais que je peinais ceux qui étaient restés dans la maison, que je leur laissais un amer sentiment d’échec, qu’ils ne comprenaient pas forcément la façon dont ma vie évoluait, hors des convenances de mon milieu. Mais leur voix ne me suffisait plus. Il me fallait un “signe de vie” du Père.
Je l’ai quêté longtemps. Il était là, souvent, qui me hélait, je m’arrêtais un moment au son de cette voix, je me remémorais la quiétude de la maison, quand j’avais de la joie spirituelle à satiété, quand je me sentais caressée du regard par le Christ.
Je crois qu’il a fallu les grands accidents de la vie pour que je sois attirée à nouveau par sa maison comme par un refuge irremplaçable. Que j’y revienne contrite, un peu honteuse de toutes ces années infidèles. Alors j’ai connu la joie de la centième brebis retrouvée. Et les 99 autres ont bien voulu me faire bon accueil. Je suis revenue dans Sa grande main qui n’était qu’attente et pardon. Je me suis enivrée de sa Parole enfin retrouvée. Je lui ai été reconnaissante de cette liberté qu’il m’avait accordée, pour que je devienne plus mûre et plus authentique dans ma foi.
Ce n’est qu’une petite allégorie, et si mon chat revient, je le couvrirai de caresses et je le choierai encore plus qu’avant.
1 commentaire
Dieu attache plus d’importance à la brebis égarée qu’aux autres, c’est le mystère de la miséricorde. Il est bon de s’en souvenir.