Heureuse coïncidence : la fête de sainte Thérèse d’Avila, ma sainte préférée, tombe cette année un jeudi, mon jour vaqué. Alors j’ai pu laisser libre cours ce matin à mon envie d’entendre la messe dans un sanctuaire que j’aime bien. Se préparer à la même heure que d’habitude, mais passer devant l’école avec un sourire satisfait et laisser la voiture filer là où ma foi m’appelle. Bruine puis brouillard à mesure que je progresse dans la montagne. Les derniers lacets et un coup d’œil sur la montre : je serai un peu en retard pour les laudes, mais pas pour la messe.
Quelques psaumes, et le cantique de Zacharie. Une assemblée clairsemée, des habitués et des retraitants, peut-être aussi des gens de passage, comme moi.
Les mots du célébrant me mettent du baume au cœur : il y a quelques années, j’étais allée dans un sanctuaire encore plus loin de chez moi, et l’officiant n’avait pas eu un mot pour sainte Thérèse. Il en va tout autrement ce matin : ce prêtre-ci fait mémoire d’elle, cite son “Que rien ne te trouble” dans son homélie, trouve les paroles qui l’évoquent et qui font du bien. Je me sens réconfortée sous le regard de la Madre. Bonheur de pouvoir lui consacrer toute une matinée, de recevoir le pardon de Jésus dans le petit parloir, de me recueillir dans l’oratoire du sanctuaire.
Il y a là une dame qui médite un livre de prière, et des bribes de mots s’échouent sur ses lèvres. Offrir mes intentions à Marie dans la lueur des bougies de neuvaine : un enfant qui doit naître dans quelques heures, ma famille au complet que j’avais réunie à la Pentecôte, et d’autres choses encore… La pénombre de la petite chapelle et l’incandescence des lumignons. Goûter l’instant, le recueillement, le silence des intercessions, la paix du cœur lavé de l’eau trouble des offenses.
Dehors, il fait encore gris. Et froid. Mais je repars avec en moi la lumière tamisée de ce lieu où tant de pèlerins, depuis des siècles, ont laissé des éclats de sainteté.