Ce magnifique dessin, c’est ma fille, alors âgée de 16 ans, qui l’a réalisé l’année dernière, pour la marche du 11 janvier. Nous étions atterrés, tous, pour les attentats de Charlie Hebdo et du 9 janvier 2015. Je lui ai conseillé de dessiner, parce que c’est l’un de ses talents et de ses moyens d’expression favoris, parce que son émotion était à fleur de peau, parce que je la voulais libre, parce que notre pays était à feu et à sang. J’ai même, pour la première fois de sa scolarité, écrit à son professeur pour l’excuser de ne pas avoir fait ses devoirs, le dessin lui ayant pris des heures. Il a défilé pour la liberté et a eu sa petite vie par la suite, il est encore affiché dans les couloirs de son lycée.
Cependant, je n’avais pas suivi nombre de mes amis l’année dernière en affichant un profil “Je suis Charlie” sur les réseaux sociaux. Je ne pouvais pas aller jusque là, à cause d’un trop plein d’offenses depuis longtemps.
Que dire, alors, de la une de Charlie Hebdo pour l’anniversaire des attentats ?
Je suis triste. Jusqu’à en pleurer.
Oh, pas triste pour moi, j’en ai vu d’autres. Je suis triste pour Dieu, Lui que j’aime.
Je suis triste qu’on le caricature jusqu’à l’outrance, jusqu’à l’injustice, jusqu’à l’opprobre. Son Fils a dû arborer une couronne d’épines et mourir sur une croix comme le plus vil des brigands. Ma foi est en lui, le pacifique par excellence. On pourra m’endoctriner de toutes les façons possibles, je resterai persuadée que sans son Evangile, le monde et l’Europe en particulier n’auraient jamais trouvé les gestes de charité qu’il fallait au long des siècles pour les parias, les plus pauvres, les moins instruits, pour leur conférer un peu de dignité et les élever dans leur humanité.
Je suis triste pour un Père qui me donne jour après jour l’être et la foi. Triste pour cette source vive d’intelligence et de vérité, pour ce feu dévorant qui m’apprend sans cesse à ne pas haïr, à aimer.
Je ne comprendrai jamais pourquoi il attire sur Lui tant de haine, lui qui en est dépourvu. Je ne comprendrai jamais que parmi les plus chers de mes amis, certains applaudissent à ces caricatures, s’en gaussent et se réjouissent du petit effet médiatique qu’elles provoquent. C’est si bon d’humilier les chrétiens ! Si facile aussi, puisqu’ils ont le devoir de tendre l’autre joue.
Eh bien voilà, je la tends à qui voudra. J’essaie de faire comme ce papa qui disait, au lendemain du 13 novembre “Vous n’aurez pas ma haine.”
Non, Charlie n’aura pas ma haine. Mais je suis triste pour tous ceux qu’il encourage, une fois encore, à mépriser la source du véritable amour.
1 commentaire
Il n’ y a rien à ajouter.
Moi aussi, je suis très triste.
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Et je prie pour ce pauvre Riss !