Alors que s’ouvre la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, je voudrais par ce blog exprimer mes espérances sur ce thème de l’œcuménisme qui me tient tant à cœur. J’essaierai de le faire tous les jours cette semaine.
Une première réflexion aujourd’hui : plus le temps passe et plus les différences – voire les rivalités – demeurent, plus je me dis que le problème ne se résoudra pas par les sommets des Eglises, que ce soit la hiérarchie catholique ou les personnes “autorisées” dans les milieux de la Réforme. Non, je crois que les grandes avancées ne se feront pas par là. Pourquoi ? Parce qu’il y a trop d’orgueil à défendre la doctrine catholique quand on est ordonné dans cette Eglise (à laquelle j’appartiens, entre fidélité et vraie pesanteur de croix…) , trop d’esprit d’indépendance quand on a voix au chapitre dans les Eglises réformées. Les déclarations communes sont si techniques théologiquement qu’elles deviennent inaudibles pour le simple fidèle. Et au final, elles ne font presque rien avancer.
Considérons frère Roger de Taizé : un humble protestant, seul à ses débuts, qui a fondé une toute petite communauté de frères, laquelle a poussé ses branches dans le ciel des différentes églises. Que ne lui a-t-on pas reproché, des deux côtés, quelles souffrances n’a-t-il pas endurées pour vivre sa foi au-delà des clivages, jusqu’à recevoir l’eucharistie catholique, ce que certains protestants lui reprochent encore ! Que de griefs contre le fait qu’il ait eu une très grande admiration, quasi filiale, pour le pape Jean XXIII !
C’est pourtant dans les communautés nées de Taizé que l’on trouve les plus beaux fruits d’œcuménisme. C’est là que les jeunes sont capables des plus beaux gestes de rapprochement interconfessionnel.
Vraiment, je ne crois pas que l’unité des chrétiens se fera par le sommet de la pyramide. Elle est trop occupée, trop sûre de sa doctrine, trop sourde à ce qu’exprime la base. Elle pose des gestes symboliques, qui restent justement figés dans le symbole.
Quelque chose hurle en moi. Dans mon Eglise, je me sens bâillonnée. Premièrement, parce que je suis femme. Laïque et sans mandat pastoral. Deuxièmement, parce que je suis sans bagage théologique, et donc privée de crédibilité. Et plus inavouable encore, parce qu’on me soupçonnera toujours d’être folle si je vais au bout de mes pensées et de mes inspirations spirituelles.
Eh bien, en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, je demande au Seigneur de me donner courage et de m’accompagner, dans l’Esprit, pour libérer enfin cette parole qui me brûle de l’intérieur. Cette soif insatiable d’œcuménisme que rien ne vient étancher au quotidien. Ces éclats de vérité qui se meurent sous les refus répétés de m’accorder une véritable écoute.