Alterner les billets sérieux avec les billets légers, ça me plaît…
Je vous présente mon chêne, 22 ans, en pleine vigueur, je ne saurais dire qui, de lui ou de la maison, me rattache le plus en ces lieux.
Ce chêne a une histoire qui fait chaud au cœur.
La maison venait d’être construite, nous étions dans la joie de ce nouveau lieu de vie avec nos déjà deux enfants, et cernés d’énormes tas de gravats… Mon papa était en visite chez nous, et avec son œil expert de menuisier, il me dit : “Regarde, tu as un petit chêne qui pousse là, il est bien placé, garde-le ! ” Il y avait un grand terrain, de l’herbe et de la broussaille, deux montagnes de cailloux et aucun arbre, à part ce petit rejeton qui poussait fièrement quelques feuilles au bout d’une tige conquérante. J’ai toujours aimé les bons conseils de mon papa, alors pendant des années, il a fallu faire attention avec la tondeuse à ne pas déranger le petit chêne fragile qui voulait s’implanter. Longtemps, le fil électrique passa par-dessus pendant la tonte. Jusqu’à ce que l’arbre dépasse taille humaine. Il fallut alors le contourner.
Il s’est nourri de cris et de rires d’enfants, de joies et de pleurs d’adultes, de pluie et de chants d’oiseaux, des coups de griffes de quatre chats successifs.
Chaque année, je l’observe, fière de lui comme d’un autre fils, je lui souffle qu’il a encore grandi en taille et en beauté.
C’est un chêne intelligent et cultivé. Ma grande fille révise ses cours de médecine à son ombre, il doit en savoir plus que moi ! Elle aussi, elle a une grande histoire d’amour avec cet arbre. C’est son port d’attache.
Il se dresse, majestueux, et me relie à toute ma lignée, de ma filiation à ma maternité.
Les habitants de la maison vont et viennent, lui il demeure, et sans doute nous survivra-t-il.
C’est l’histoire d’un arbre, c’est l’histoire de notre chêne, irremplaçable, et tandis que j’écris, j’entends les oiseaux qui se réjouissent dans ses branches vigoureuses.