“Viens, on se pose…”
Ça doit être l’expression du moment. En tout cas, on se l’est dit souvent l’une à l’autre ces derniers jours. Comme une revanche sur son stress du bac et mon surmenage du mois de juin.
“On se pose…”
Le premier soir, les bords de la Garonne nous appellent. Nous sommes sur les quais de la Daurade, et le soleil va se coucher. C’est le moment d’attendre la splendeur du paysage, avec d’autres qui se sont “posés” là aussi, soit les pieds au-dessus du fleuve, soit dans l’herbe, grattant la guitare ou faisant résonner un rap un peu entêtant. Un muret. On s’assoit côte à côté et on attend – longtemps – que le soleil se couche. Je n’ai plus l’habitude de laisser le temps s’écouler comme ça, simplement, dans la douceur du soir. Jusqu’à l’embrasement que tous ont attendu, et qui ne déçoit pas.
Au retour, se tromper de chemin et partir à l’opposé de l’hôtel, en rire, pas grave, on retrouve une station de métro et on rentre tranquillement pour la première nuit de retrouvailles avec Toulouse.
On s’active aussi le jour, de rendez-vous en rendez-vous, pour lui trouver un studio. Elle étudiera ici.
La joie d’avoir déniché la perle rare, et de s’y projeter déjà. Elle pour y vivre, moi dans l’espérance de lui rendre visite tantôt et de profiter encore de cette ville que nous aimons tant.
On se pose.
Une terrasse à siroter une menthe à l’eau, un p’tit restau à voir s’illuminer ses yeux gourmands devant un grand plat de sushis.
Il y a eu Nice, l’horreur des infos, et ma réaction : “Il faut vivre, on ira voir la mer !”
J’ai réservé tout de suite des billets de train, et on est parties pour la Méditerranée. Soleil voilé, un peu de vent, mais la joie de dérouler nos serviettes, de barboter un peu dans l’eau salée et de finir nos livres allongées en prenant quelques coups de soleil. Intermède heureux. Le soir, en attendant le train du retour, manger dans un petit restaurant familial dont on sort en connaissant un bout de la vie du patron.
Aller signer le bail et faire l’état des lieux – que dire ? Tout est neuf !
Elle range fièrement son premier trousseau de clés dans son sac à mains.
On se pose encore beaucoup ce jour-là, plus rien d’autre à faire que d’attendre l’avion du soir. De place en place et de quai en quai, regarder les gens passer, certains pressés, d’autres nonchalants comme nous deux, rire des chasseurs de Pokémon. Y’a des poissirènes dans la Garonne…
Je l’emmène rendre grâce à Notre-Dame de la Daurade, parce que quand même, je l’avais priée fort pour son audition en avril. Savoir dire merci, aussi. Une cantatrice à la voix époustouflante y achève sa répétition. Cadeau.
Vol de nuit. L’Alsace vue du ciel, c’est comme Noël en plein été.
Il faut atterrir, mais la mission est accomplie, et nous avons passé quelques jours délicieux dans la douceur du sud, ma fille et moi.