Un été à prendre son temps, un été à perdre du temps, un été à retrouver le temps…
La ville de notre adolescence, sous le soleil, une ville qui a changé en plus de trente ans, qui a embelli, ou c’est peut-être le soleil, l’été et ces retrouvailles.
Sillonner les rues en les remplissant de souvenirs et de nos éclats de rire, comme alors. Faire un petit pèlerinage sur le chemin de nos lycées respectifs, marcher en longeant la rivière, longtemps, osciller entre réminiscences et confidences, s’arrêter pour prendre un verre comme on ne l’avait finalement jamais fait.
Ma menthe à l’eau, de la même couleur que ses yeux, et la mousse de sa bière, blanche comme son large sourire qu’il a plus lumineux encore maintenant, loin des tergiversations de l’adolescence. Délices de la complicité retrouvée, de l’histoire qu’on a posée là et qu’on réveille pour la reprendre bien plus loin, bien après, bien plus matures l’un et l’autre. Un verre à deux, ça vaut mieux que tous les mails du monde. Je raconte et il raconte, je ris et il rit, je le regarde et il me regarde, et on est bien, là, l’un près de l’autre. Moment rare, moment précieux qui s’est improvisé sur une coïncidence de nos visites à nos parents respectifs vieillissants. Les rôles se sont un peu inversés entre temps. On échange sur nos soucis pour eux plus que sur leurs soucis pour nous.
Je le regarde et je le trouve incroyablement beau, beau de cette beauté qu’il a toujours eue mais qui est maintenant sublimée par l’aisance d’être qui il est.
Nos verres sont vides mais on reste encore longtemps à s’épancher dans le cœur l’un de l’autre. Complicité qui ne passera jamais, j’en suis sûre aujourd’hui.
Une pensée folle monte en moi, elle n’est pas neuve, elle est ancienne mais solide comme un roc. Aujourd’hui, c’est une pensée qui ne me fait plus souffrir, seulement sourire.
C’est lui l’homme de ma vie.
Même s’il a un homme dans sa vie.