J’aimais bien cette image. Elle était au-dessus de mon lit. Je n’avais pas encore l’âge de la trouver mièvre ou vieillotte. C’était un peu ce que je désirais, un peu ce que je vivais. J’aurais bien aimé avoir une maman qui s’arrête au bord de mon lit le soir pour m’apprendre à prier ou me raconter une histoire, avec un bisou à la fin. Mais elle ne savait pas trop faire ça, ma maman. Elle venait plus tard, quand j’étais censée dormir, mais j’avais déjà des problèmes de sommeil. Alors je fermais les yeux très fort et je ne bougeais plus. Et elle me bordait. C’était le moment le plus doux de ma journée. Peut-être bien que je l’attendais pour pouvoir vraiment m’endormir, après.
L’ange était là, oui. Notre grand-mère nous apprenait à le prier quand nous allions en vacances chez elle. J’y croyais, à cet ange toujours présent, j’aurais même bien aimé le voir.
L’image est toujours là, dans la même chambre, même si mon lit d’alors n’est plus à côté. L’ange est toujours là, lui aussi. Et ma maman près de lui, qui veille de toutes ses forces sur sa descendance. Je m’en étonne tous les jours, au gré des événements. Nous sommes bien gardés.