Quand j’évolue en “terrain chrétien”, là où des baptisés sont supposés avoir la foi, je suis parfois stupéfaite du manque de foi sur les bases mêmes du christianisme : en effet, au sujet des textes liturgiques de demain dimanche ( 2 Maccabées 7, 1-2.9-14, Psaume 16, 2 Thessaloniciens 2, 16 – 3, 5, Luc 20, 27-38 ), je lis sur internet des débats entre baptisés qui dénotent une réelle défiance en la résurrection, même en celle du Christ. Or, qu’est-ce qu’être baptisé dans une confession chrétienne si ce n’est être appelé à témoigner par toute sa vie de sa croyance en la résurrection du Christ Jésus ?
Je ne veux pas dire par là que le doute soit interdit quand on est baptisé, après tout c’est une démarche que nos parents ont peut-être effectuée pour nous sans entretenir ensuite la flamme de la foi par la pratique et la prière. Il y a aussi, bien sûr, la nécessité de construire sa propre foi d’adulte quand la maturité intellectuelle vient. Mais une grâce est semée au baptême. L’ignorer, la négliger, la refouler pendant des années voire des décennies, c’est déjà manquer de volonté pour retrouver un chemin vers Dieu, et se rendre sourd à tous les appels que Lui peut nous lancer.
Je lisais l’autre jour que la Suède était peut-être le pays le plus sécularisé du monde, où l’on croit le moins en Dieu. Du point de vue des chrétiens, la France ne doit pas être très loin derrière…
Mais passons sur les incroyants notoires.
Je suis plus étonnée quand j’entends des pratiquants réguliers ne pas croire en la résurrection !
Alors aujourd’hui, j’ai envie de témoigner ici de ma propre foi en la résurrection.
Je ne la considère pas comme un aboutissement de mon baptême et de ma vie spirituelle, mais comme son point de départ. Marcher dans les pas des Apôtres, dans leur témoignage, notamment celui de Paul, c’est la base de la vie chrétienne. Si nous ne considérons pas que le tombeau de Jésus était vide au matin de Pâques, je ne vois pas comment nous pouvons porter le nom de “chrétien”. Croire au témoignage de Marie de Magdala, de Jean, de Pierre et de vingt siècles d’Eglise, cela ne relève pas du pari mais de la confiance élémentaire dans les témoins du Christ.
Et qu’en est-il de la résurrection des morts ?
Je me dis depuis un moment que les liturgies de funérailles sèment peut-être le trouble dans les esprits.
Pourquoi ?
Parce qu’aux enterrements, du moins dans l’Eglise catholique, nous affirmons peut-être avec un peu trop de légèreté que notre frère ou sœur défunt s’en va directement aux côtés de Dieu.
Dans les assemblées, il y a au moins autant, voire plus, de non-croyants que de croyants. Les premiers en déduiront que l’Eglise prêche un salut facile et automatique, belle illusion pour des âmes faibles refusant l’idée de la mort comme fin de tout. Les croyants ne parviendront peut-être plus à débrouiller ces affirmations avec les paroles beaucoup plus exigeantes de Jésus dans l’Evangile.
Où vais-je en venir ?
Au risque de choquer, je dirais que je ne crois pas que la vie éternelle auprès de Dieu soit acquise par un simple baptême, des funérailles religieuses, ou même automatiquement quelle que soit la situation du défunt. Certes, Jésus a été crucifié, est mort pour nos péchés, est ressuscité pour nous ouvrir la vie éternelle. Oui. Je le crois. Mais je ne crois pas que la mort que nous traversons en ces temps soit le terme de la Révélation, le moment de la “Résurrection de la chair” que nous confessons dans le Credo.
Je crois que les âmes justes ou sincèrement repenties au moment de la mort peuvent accéder au “Ciel”, là où est Dieu, là où les saints intercèdent déjà pour nous. Ce Ciel pourrait correspondre à ce que Jésus décrit en Luc 20, 27-38 aux Saduccéens incrédules. Dans ma foi, dans toute mon expérience spirituelle, j’ai ressenti souvent, profondément, l’entrée d’une âme dans ce Ciel. Surtout quand il s’agissait d’une personne humble. Je crois très fermement à ce Ciel accessible dès notre mort.
Mais l’âme n’y est pas forcément prête ! Et au risque de paraître complètement ringarde, j’affirme ici que je crois au Purgatoire. Une dimension dans laquelle l’âme orgueilleuse prend conscience de son néant, de tout le mal qu’elle a pu faire à son prochain et de tout le bien qu’elle n’a pas fait. C’est un temps de souffrance et de repentance, un temps nécessaire pour s’ajuster à l’éblouissante lumière du Christ. Je ne suis pas du tout “tradi”, mais je regrette la disparition de cette dimension de la plupart des prédications. Je trouve que l’Eglise nous brade un peu le salut !
Enfin, et je vais choquer encore plus, je ne crois pas que toutes les âmes aient accès à ce Purgatoire, qui suppose de vouloir sincèrement se convertir. Où sont-elles alors ? Je trouve tout à fait adapté le terme hébraïque de shéol. Un lieu de néant mais pas définitif. Non.
Car ma foi va plus loin que la résurrection. Je crois très fermement dans le retour du Christ en Gloire, dans le jugement des vivants et des morts.
Les vivants justes et les âmes du Ciel en seront épargnés : l’Ecriture le dit.
Et ce sera alors, pour “le commun des mortels”, les âmes encore au Purgatoire et toutes celles du shéol, le moment décisif. Matthieu 25 nous en donne une petite idée. Le Christ est Sauveur, mais il revient pour juger les vivants et les morts, nous le confessons dans le Credo, même si notre époque a pris ce verbe en détestation.
Alors, quid de l’enfer ?
Je pense qu’il y aura un lieu, un temps pour ceux qui persisteront dans la détestation de Dieu Père, Fils et Esprit Saint.
Voyez la terre en ses contrées dévastées par les guerres sanglantes : n’est-ce pas l’image même de l’enfer ?
Dieu ne veut y enfermer personne.
L’orgueil humain, par contre, pourrait bien s’y condamner.
Quant à tous les sauvés, ils entreront dans la liesse dans le Royaume de Dieu promis depuis longtemps, la “Terre nouvelle sous les cieux nouveaux” où s’accomplira enfin la résurrection de la chair, et pour l’éternité bienheureuse.