Ces mots, ce sont ceux qu’employait sur un forum catholique un participant plutôt dubitatif sur la question de la vie après la mort. Il disait en substance que croire en la résurrection relevait uniquement de la foi. Je le cite : “Y a-t-il une vie après la mort terrestre ? Personne n’en sait rien. Ce n’est qu’une histoire de foi, rien d’autre.”
Son affirmation m’a agacée et préoccupée à la fois.
En fait, c’est ce que nous entendons en permanence dans notre monde sécularisé. Une manière de minimiser, de relativiser voire de mépriser la foi de ceux qui l’ont.
Car tout de même, quand on est baptisé chrétien, ne porte-t-on pas en soi le signe même de la résurrection du Christ ? Qu’est-ce que notre baptême, si notre minimum de foi n’est pas de croire en la Parole du Christ et en sa résurrection par-delà sa crucifixion qui a bien eu lieu dans un temps historique ?
Paul le disait déjà il y a 2000 ans en 1 Corinthiens 15, 12- 17
Nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ; alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?
S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu ; et nous faisons figure de faux témoins de Dieu, pour avoir affirmé, en témoignant au sujet de Dieu, qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité si vraiment les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés. [Fin de citation].
En fait, autour de nous, nous entendons en permanence cet insidieux “Personne n’en sait rien”. Que ce soit sur l’existence de Dieu, la filiation divine de Jésus, sa résurrection – que dire alors de ses promesses ? Tout l’Evangile nous parle de la royauté de Jésus qui “n’est pas de ce monde” et de la nécessité pour nous de veiller en attendant son retour en Gloire. Or, de nos jours, même au cœur de l’Eglise, quand on a suffisamment de foi pour croire dur comme fer en ce retour, on peut-être considéré comme un doux illuminé, et des consacrés eux-mêmes seraient capables de rétorquer : “Personne n’en sait rien.”
Eh bien, je voudrais dire aujourd’hui que je trouve finalement ce “Personne n’en sait rien” fort orgueilleux. Il est le fait de ceux qui manquent de foi. Ils font alors de leur cas une généralité ! Ne conviendrait-il pas mieux de dire : “Moi, personnellement, je n’en sais rien.” Cela serait bien plus juste.
Car dans le “Personne n’en sait rien”, il y a aussi une pointe de jalousie spirituelle. Untel n’a pas la foi qui lui permettrait de croire, mais il montre que cela l’insupporte assez que d’autres puissent l’avoir. La foi étant une grâce, comment celui-ci, celle-là l’auraient-ils, et pas lui ?
Je voudrais même aller plus loin. Au-delà de la foi qui est grâce – et aussi, quand même, fruit de la recherche – il y a aussi l’expérience. L’expérience spirituelle. La vie mystique.
J’imagine bien mon internaute côtoyer sainte Thérèse d’Avila qui, au sortir de son oraison, est encore émerveillée par son Seigneur qu’elle a vu en majesté, dont elle a entendu la voix plus sûrement qu’elle n’entend celle de ses proches. Elle se met à écrire et relate son expérience bouleversante et inoubliable. L’autre se saisit de ses écrits et ricane : “Personne n’en sait rien.”
Oui, personne d’autre que Thérèse ne sait ce qu’elle vient de vivre, mais elle, elle a mission d’en témoigner pour raviver la foi de ses contemporains ! Et leur mépris la blesse plus sûrement que le glaive incandescent qui lui a transpercé le cœur dans sa contemplation !
Alors vraiment, au lieu de dire sans arrêt “Personne n’en sait rien”, ayons l’honnêteté de reconnaître que d’autres savent et savent parfaitement, mais qu’au mécréant, il est plus agréable de demeurer sourd et aveugle aux plus beaux témoignages de la vie divine, elle qui vient parfois s’insinuer dans la vie ordinaire que tous nous avons, provisoirement, à mener.
Image : Sainte Thérèse d’Avila en extase, Le Bernin, détail
2 commentaires
bonjour Madame,
une prise de position assez osée mais l’expression “personne n’en sait rien” est très courante en religion comme dans d’autre domaines.
pour savoir il faut chercher,s’intéresser aux faits,aux preuves tangibles après on peut plus aisément ce faire une opinion!
j’aimerai savoir que veut dire dans votre écrit “filiation divine de Jésus”?
aurai t’il eu une descendance selon vous?
Mais non, pas du tout, cela signifie qu’il est vraiment Fils de Dieu ! Il n’a pas de “géniteur” masculin !