Finalement, se reposer, c’est quoi ?
Faire la grasse matinée ? Des années que je n’y arrive plus. Et tant mieux. Les journées ne sont pas perdues, on voit plus longtemps la lumière du jour.
Ne pas travailler ? Oui oui, c’est sûr, mais même à ce point, les livrets scolaires m’ont pris des heures. Bon voilà, je les ai finis.
Ne rien faire ? Pas non plus mon programme des prochaines journées. Ça prend la tête au bout d’un moment.
Il faudrait pouvoir arrêter le train des pensées.
Mettre une cloison entre la tête et le reste. Pas facile quand le téléphone sonne, et que c’est encore la collègue, quand la boîte mail rappelle en gras toutes les obligations qui sont juste reportées…
Chausser les bottes de neige. Se redire qu’elle est si belle, cette forêt ! Ne pas oublier l’appareil photo, au cas où… C’était si bien de l’avoir le jour où elle est passée, cette harde de cerfs !
Lire ce livre exigeant mais passionnant. Entendre la Genèse avec des oreilles neuves.
Réécouter une vieille compilation de chansons et se souvenir des circonstances dans lesquelles on l’avait enregistrée. Prier pour son destinataire.
Faire un effort de trois heures, et puis goûter le frais et le propre dans la maison.
S’enrouler dans le plaid, et oublier le temps, avec les ronronnements du chat.
Et prier.
Oui, prier.
Appeler, dire, écouter. Remercier pour la pause, pour les jeunes qui vont un peu mieux.
Prier.
Se recentrer sur l’oraison.
N’est-elle pas là, la plus grande blessure ? Etre aspirée par le tourbillon des jours et ne plus avoir de temps pour le cœur de sa vocation.
Prier.
Le retrouver.
Lui, mon seul repos.