Il y avait cette belle chanson de Maxime Le Forestier “Comme un arbre dans la ville”, et moi je me sens comme un arbre, un arbre de la campagne, ou un arbre de la forêt, ou comme cet arbre-là, posé tout seul au-dessus de la plaine, que j’ai admiré aujourd’hui comme à chaque fois que je passe devant lui. Je l’avais pris en photo couleur automne, et le voici couleur hiver, nu, charpenté, détaché noir sur le ciel hésitant entre bleu et nuages.
Je l’aime bien cet arbre-là, je le trouve courageux, tout seul dans les chaumes de la colline, le tronc presque dans la vigne, contemplant loin sous lui la plaine où grouillent les gens et les véhicules. Enraciné dans un sol précaire, se dressant vers le ciel dont il n’est pas loin, mais n’oubliant pas la vie en bas, au-delà de la vigne, là où sont les hommes, là où est parfois la platitude de la vie, là où les voitures vont et viennent sans plus savoir, parfois, pourquoi.
Comme un arbre…
L’hiver n’est pas fini, il est dépouillé de toutes ses feuilles, il affronte seul les vents et la neige qui vient juste de fondre. Il est planté tout seul, là, l’air un peu triste, mais néanmoins harmonieux, et puis ceux qui le voient le savent bien : au bout des branches noircies par le gel, déjà, en formation, les bourgeons du printemps. Dans deux – trois mois, il sera tout vert. Ce sera le temps pour lui d’égayer le chemin des promeneurs.
Comme un arbre…
Et je sens bourgeonner en moi toutes ces idées nouvelles pour l’Eglise dans laquelle j’ai été baptisée il y a bien longtemps, toutes ces idées dont personne ne veut, toutes ces idées qui choquent, qui heurtent, qui contredisent, qui empêchent d’être pieux en rond…
Comme un arbre…
Il est planté tout seul, là, dans le froid de l’hiver, mais le ciel est juste au-dessus, et je suis sûre qu’un jour, des promeneurs vont s’arrêter à son ombre, au bord de cette vigne, pour l’observer d’un peu plus près et écouter le bruit du vent dans son feuillage.