Vendredi, je lui demande si elle vient dimanche pour les élections législatives. Elle est encore inscrite sur les listes électorales ici. Réponse affirmative, et elle me demande si elle peut dîner et dormir à la maison la veille. “Bien sûr ! ” Je suis très heureuse : cela doit faire six mois qu’elle n’a plus dormi dans sa chambre.
Samedi, je l’attends donc de pied ferme. Je fais les courses, je prévois le petit dîner et le repas du dimanche avec son frère et la compagne de celui-ci.
Dans la journée, de temps en temps, elle m’envoie une jolie photo de montagne : “Tiens, elle se balade autour de sa vallée ! ” Il faut dire que depuis début mai, ma grande fille s’est installée pour six mois au fond d’une vallée très charmante, près d’un lac où nous allons de temps en temps, mais pas trop souvent ; depuis chez moi, il y a plus d’une heure de route soit très sinueuse en pleine montagne, soit encore plus longue, il faut passer trois vallées et remonter assez haut. Bref, une petite aventure pour moi qui deviens avec les années anxieuse au volant.
La journée de samedi passe, vers 18h elle m’envoie encore une photo de joli paysage et m’écrit qu’elle sera un peu en retard pour le dîner, que je ne suis pas obligée de l’attendre. Et là, soudain, je réalise : elle est en train de venir chez nous à pied !!! Elle concrétise aujourd’hui son rêve un peu fou de joindre en randonnée notre village au sien, distants par la route de plus de cinquante kilomètres ! Je suis toute à ma surprise. Elle vient voir sa maman en franchissant plusieurs cols et montagnes ! N’est-ce pas moi qui lui ai offert à Noël toutes les cartes de randonnée du secteur ?
C’est si beau et émouvant que je mets ma petite faim de côté et que je dresse la table sur la terrasse avec des bougies. Il faut dire que le soir tombe.
Un peu après 21 h, elle m’écrit encore : “J’arrive !”
Je n’y tiens plus. Je sais par quel chemin elle va rejoindre la maison, et je vais l’y attendre, entre joie et un peu d’inquiétude : elle marche depuis presque dix heures !
Longues minutes d’attente. Puis je vois enfin une silhouette de randonneuse, sac à dos et carte IGN en bandoulière, qui émerge de la forêt. Elle est là ! Elle y est arrivée !
Je la serre dans mes bras comme jamais. Ma joie n’a d’égale que sa fierté et sa fatigue.
Et à 22h, nous passons un délicieux moment à dîner en tête à tête dans le frais de la nuit tombante, aux chandelles… Précieuse, ô combien précieuse visite !