C’est l’activité rituelle du début des vacances d’été. Vider son sac de cours et ses classeurs de préparation pour garder ce qui est réutilisable, le classer, l’archiver.
Cette année, j’en fais un peu plus que d’habitude, parce que je veux changer mon bureau de pièce dans la maison. Je réduis les rayonnages et je m’étonne : comment ai-je pu conserver tout cela tant d’années ? C’est mon gros défaut : quand je ne suis pas acculée à jeter, je stocke. Et ainsi, en vidant des classeurs et des casiers, j’ai vu défiler des listes d’élèves et leurs notes alignées dans mes cahiers de bord… Avec le temps, cela devient indiscret, je trouve. Certains ont déjà leur bac, ont débuté leur vie d’adultes… Je n’ai même pas osé y jeter un œil ; leur petite vie scolaire est consignée là, et j’aurais encore un droit de regard dessus ? Vite, au carton de déchets…
J’ai vu défiler plus de quinze années de labeur, les noms aperçus m’ont évoqué des visages d’enfants dont je ne connais pas toujours le devenir. Qu’auront-ils gardé, conservé, retenu, eux, de ces deux ou trois ans passés à construire les rudiments de leur savoir dans une même salle de classe ?
Ce tri m’a tout de même occasionné des instants délicieux : retrouver les premières pages de productions écrites de ma fille âgée de bientôt 19 ans et les lire en riant avec elle. Il y a donc eu une époque où je lui corrigeais ses fautes d’orthographe ! Et de rire aussi devant ses travaux de géométrie, qui présageaient déjà de son orientation littéraire…
J’ai fini le plus gros du tri, sans lequel les vacances d’été ne peuvent pas commencer. Maintenant, oublier les classeurs et les fichiers pour quelques semaines, et vivre ces jours comme une pause bienvenue et infiniment nécessaire…