Elles sont vêtues de blanc et assez stressées. Vaguement oppressées, et un peu en retard. La demande arrive dans la précipitation : “Il nous faudrait deux fleurs pour deux copains qui n’en ont pas.”
On fait vite le tour du jardin, mais c’est un peu la misère en ce moment question fleurs à couper. Tout ce qui est beau n’a qu’une courte tige. Je suis toute désolée de ne pouvoir répondre à leur demande.
“Passez vite chez la fleuriste !
– On n’a pas le temps.”
Alors que la voiture démarre, je leur fais signe par la fenêtre. Là, sur l’anthurium du salon, je vois deux jolies fleurs rose pâle à tiges suffisamment longues. Vite, je les coupe et je les leur donne.
Elles s’en vont. Je sais que leur cœur est lourd, très lourd et qu’elles vont vivre un des moments les plus pénibles de leur jeunesse.
Tous seront vêtus de blanc, une fleur ou une bougie à la main, à l’hommage funèbre de leur jeune amie qui s’est donné la mort sans qu’aucun ne puisse en comprendre les raisons…
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