La réponse est limpide : je ne serais pas !
Il en a fallu des alliances, des naissances, des baptêmes et des ordinations pour qu’à la fois je vienne au monde un jour et que l’on me transmette la foi chrétienne !
Redécorant ma maison dans tous les recoins ces jours-ci, j’ai décidé de mettre en valeur ceux qui m’ont donné et la vie et l’héritage de la foi.
Cela commence par une tragédie : une femme qui meurt enceinte de son neuvième enfant, six sont en vie et parmi eux, celle qui sera ma grand-mère maternelle. Pour elle, un mariage entre deux jeunes gens qui se connaissent à peine et tous deux déjà orphelins. Un mariage qui durera plus de soixante ans, malheureux mais néanmoins fécond. Il y a peu de naissances dans la famille élargie, réminiscences du traumatisme de cette aïeule morte bien trop tôt ? Mais des vocations : un prêtre à chaque génération, la chaîne s’étant rompue pour cause d’absence de garçon à la mienne.
Il me plaît de m’inscrire dans cette lignée. La grande photo de famille est celle de l’ordination de mon grand-oncle, un homme simple et bon. Je souris. Ma vocation à moi, pourtant vive, n’a jamais donné lieu à aucune célébration, ni en Eglise, ni en famille ! Je ne la vis pas moins intensément pour autant, et cette place d’héritier du sacerdoce qui aurait pu me revenir, je la prends volontiers, au féminin, dans ma condition actuelle de femme – et maman – assumant sa solitude et le don de sa personne au Christ Jésus.
Que serais-je sans eux ? Ils sont si beaux sur leur photo de mariage, mes parents, et je sais qu’ils se sont beaucoup aimés, et qu’ils s’aiment encore, par-delà la séparation et l’épreuve du veuvage !
Il y a là une autre jolie mariée : ma marraine qui m’a tenue dans ses bras au jour de mon baptême, donné par celui qui est pour le moment le dernier prêtre de la famille, mon oncle.
Je les ai tous rassemblés là, pour les voir et leur témoigner ma reconnaissance et mon amour qui ne passeront pas.