Il y a des rencontres, comme ça, qui vous gonflent le cœur de joie. De ces rencontres attendues la moitié d’une vie et dont on désespérait qu’elles se réalisent un jour.
Voilà, elle est arrivée dans ma vie par un concours de circonstances qu’on ne peut attribuer qu’à l’Esprit, une petite femme menue, le visage mangé d’un grand sourire, donnée à Dieu depuis sa jeunesse, longtemps institutrice et maintenant entre autres accompagnatrice spirituelle. Elle m’a accueillie dans son âme et dans sa vie, et je suis infiniment bien, là, assise en face d’elle dans cette pièce sereine ornée de quelques signes beaux et simples de sa foi.
Je me raconte et elle écoute, de cette écoute rare qui fait tant de bien. Mon quotidien, et les méandres de ma vie spirituelle, qu’elle comprend déjà comme personne.
Pourtant, la semaine avait mal commencé, avec une réunion professionnelle rude qui remet mon année scolaire en question. Je débutais une année particulièrement facile et agréable, avec seulement deux niveaux d’enseignement, ce que je n’ai plus connu depuis quatre ans. Et puis plein de facteurs ont fait que je me suis résolue à accueillir également dans ma classe notre unique élève de CP… un niveau dans lequel je n’ai enseigné qu’une seule fois, il y a trente ans ! C’est donc reparti pour un triple niveau, des journées compliquées à organiser et un surcroît de préparation en perspective.
Je lui raconte tout ça et elle comprend, elle a été institutrice et notamment en CP. Elle comprend, compatit et m’encourage.
Au bout de deux heures pendant lesquelles je me suis confiée à elle dans une joie inexprimable – on a bien du mal à se quitter – j’ajoute, à propos de mon petit CP, que pour le moment, il ne connaît que le i, le r et le a. Et de partir toutes les deux d’un grand éclat de rire : “ira” “Ça ira” ! Oui c’est ça, ça va aller, ça ira !
Je la quitte sous le marronnier qui perd déjà ses feuilles, comme dans une cour d’école de film noir et blanc.
Ça ira, à l’école, dans ma vie spirituelle, dans ma vie tout court, ça ira et je ne cesserai de rendre grâce pour sa vocation et sa présence déjà si aimante !