Comment dire la paix, la joie, la gratitude après ce magnifique dimanche que je viens de vivre ?
Une messe dominicale de toute beauté chez les fraternités monastiques de Jérusalem, le geste de paix donné des deux mains qui augure déjà de la plénitude de cette journée…
Un déjeuner avec l’ami, celui qui sait tant de choses que je ne sais pas, qui me les distille humblement aux détours de notre conversation, qui se met tout autant à l’écoute et avec qui la confiance déjà installée est si profonde. Il faut dire que cette rencontre, depuis ses débuts, est marquée par le sceau d’un bienheureux : si je n’avais connu son frère qui a tant été pour ma vie de foi, qui a tant été pour sa vie d’enfant et d’homme, nous ne nous serions jamais croisés. Et son frère veille, de là-haut, indubitablement, sur cette amitié-là.
Puis une invitation que j’ai à peine méritée au départ d’un prêtre pour une mission de trois ans au Maroc. Moment de recueillement, de prière, d’hommage à l’image de sa personne simple et généreuse. Il nous offre, surprise de choix, le spectacle “Pierre et Mohamed”, qui raconte l’amitié entre Monseigneur Pierre Claverie, évêque d’Oran, et son chauffeur algérien unis dans le respect mutuel jusqu’à leur mort tragique et consentie en 1996. Bouleversant témoignage de dialogue et de respect islamo-chrétien, qui plonge toute l’assemblée dans la méditation sur l’engagement d’aujourd’hui de ce prêtre. C’est par les mots de cette pièce de théâtre qu’il a voulu nous transmettre ce qui l’habite avant son départ en terre d’islam. Unis, nous prions pour lui en présence de notre évêque auxiliaire.
La grâce est palpable. Je renonce à regrets au “verre de l’amitié” car mon train va bientôt partir.
Retour au réel. La gare de Strasbourg est complètement évacuée en raison d’une alerte Vigipirate. Prendre patience. Je chante encore intérieurement : “Car tu es mon Père, je m’abandonne à Toi, car tu es mon Père, je me confie en Toi…”
Dans la cohue des voyageurs qui se précipitent vers la gare rouverte, je comprends que mon train aura beaucoup de retard et que c’est fichu pour ma correspondance. Je monte alors dans le premier TER qui s’arrête à la gare suivante. Tant pis pour ma voiture qui m’attend à mi-chemin. De tout malheur, tirer du bon : mon fils m’attendra à l’arrivée, je dînerai avec lui et il me raccompagnera jusqu’à la gare où j’ai laissé ma voiture ce matin.
Je rentre chez moi beaucoup plus tard que prévu, mais dans la plénitude d’une journée exceptionnellement belle et intense.
“A quoi sert la lumière du soleil si on a les yeux fermés ?”
Un proverbe arabe offert par notre ami prêtre qui s’en va là-bas…