Au collège, j’étais de celles qui arrivaient dernières, écarlates et au bord du malaise au cross d’automne. Les séances d’entraînement étaient un calvaire. Toutes les heures de sport, d’ailleurs, étaient comme une punition hebdomadaire. En plus, ça faisait baisser ma moyenne générale.
Bref, passons sur ces souvenirs pénibles.
Devenue instit, j’ai été bien embêtée parce que je devais enseigner le sport, moi qui ai toujours brillé par ma nullité dans ce domaine. Mais bon, j’ai fait quand même. Incapable de montrer l’exemple, mais encourageant toujours mes élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes, tout en restant compatissante pour ceux qui me rappellent la petite fille que j’étais.
Et voilà que je vis et travaille depuis des années dans un village de sportifs, dopés par l’air tonique de la montagne, et les muscles façonnés par toutes ces routes et ces chemins qui n’en finissent pas de monter et de descendre, pour le plaisir des yeux, et apparemment, de leurs mollets. Il faut voir nos enfants monter les côtes ardues à vélo et courir ou marcher des kilomètres avec leurs parents ! Franchement, ils m’impressionnent.
Alors du sport, pour eux, on n’en ferait jamais assez. Et bons en tout avec ça, que ça soit la course d’endurance, la natation ou l’athlétisme aux beaux jours ! La cour de récré est un vaste terrain de handball, de basket et de ballon prisonnier. J’ai dû réviser mes points de vue d’ado, et constater que les performances sportives coïncidaient souvent avec le potentiel scolaire. Corps sain, intelligence saine, le terreau de notre village est décidément fertile. Dans la vallée, on nous hait un peu aux rencontres sportives. Désolée une fois de plus, mais nos petits montagnards ont raflé toutes les premières places à la course d’endurance de secteur aujourd’hui !
Entre leurs chants de victoire, leurs sourires jusqu’aux oreilles et la joie de leurs parents, je m’amuse aussi intérieurement : je la tiens, ma p’tite revanche sur ma vieille phobie du sport…