J’aime le beau et le bien. C’est ringard ? Je m’en moque. C’est subjectif ? Peut-être bien, mais pas tant que ça quand même, finalement…
Le beau. J’avais été très impressionnée il y a une dizaine d’années par le film “Les choristes” et sa musique si pure et si limpide. Je m’étais dit que c’était donc possible, au XXIe siècle, de créer encore du vraiment beau musicalement. De l’harmonieux. De l’émouvant à chanter par des voix d’enfants.
Est-ce que ce film est démodé ? Après cette journée, je ne crois pas.
J’ai une chance dans mon métier : je fais chanter des enfants. Et j’ai choisi, dans le répertoire de cette fin d’année, “Caresse sur l’océan”. Un peu ambitieuse, parce que leurs petites voix ne sont pas encore très bien ajustées. Et que je ne suis pas chef de chœur d’une manécanterie.
Mais cet après-midi, moment magique. Sur grand écran, je leur ai passé un clip mêlant scènes du film et concert par les petits interprètes. Il y a eu un grand silence dans la salle de classe. Et on ne regardait pas trop les uns les autres, parce que les larmes n’étaient pas loin de monter. A la fin de la chanson, quelques chuchotements tout au plus, et le désir de la réécouter. J’ai choisi cette fois une vidéo sous-titrée, et quelques-uns se sont risqués à fredonner. A peine. Je les sentais pleins de respect devant cette interprétation si parfaite. L’heure tournait et nous avons repoussé l’apprentissage à un autre jour.
En quittant l’école, certains avaient déjà la mélodie accrochée aux lèvres. Ils m’ont dit : “Tu crois qu’on fera aussi bien qu’eux ?”
Je leur ai répondu qu’on ferait du mieux qu’on pourrait. Mais la joie du beau était palpable, là, dans leur petits visages émus et ma satisfaction de leur avoir proposé une œuvre qui a su les toucher. Loin du vacarme du monde.
Caresse sur l’océan :